Regrets éternels

Rodgeur ne l’a fait pas. Il ne deviendra pas le premier joueur de l’Histoire du tennis à gagner 6 tournois du Grand Chelem d’affilé. Il ne conclura pas la plus belle année de sa vie, celle où il est devenu papa et recordman des victoires en Majeur, par un triomphe dans le plus grand stade du monde. Oui, les regrets seront éternels. On est tombé de haut, de très haut, et la chute n’en est que plus douloureuse.

Hier soir, le Suisse a laissé filer un match qui lui tendait les bras. Alors que l’Argentin était dans les cordes, proche du KO, le numéro 1 mondial a craqué de manière incompréhensible au deuxième set, se laissant énerver par un arbitre nullissime et – aussi – par un Del Puerco un brin provocateur, qui demandait des challenges en retard, réussissant même à faire rejouer un point à cause d’un bruit que personne n’a entendu !

On ne va pas refaire le match, mais force est de constater qu’à 6-3, 5-4, 30-0 sur son service, le Bâlois n’avait PAS le droit de laisser revenir Dela Poutre. Deux erreurs directes, un litige avec le hawk-eye, un magnifique passing du gaucho et le match était complètement relancé… Ou comment tendre la joue pour mieux se faire baffer.

La suite, tu la connais… Tu l’as vu devant ton poste. Vu ce pourcentage de première balle anémique, vu ce coup droit chancelant et ce revers aux abois, notamment dans les deux derniers sets. En face de lui, Del Puerco a superbement joué le coup et a su monter en puissance. Soyons honnêtes, cet échalas de 21 ans est un magnifique vainqueur et il n’a rien volé. Rodgeur lui a offert la victoire, il n’allait pas la refuser… Je le pensais hier, je le dis aujourd’hui : ce grand pin finira un jour numéro 1 mondial. Del Potro a également réussi l’exploit de gagner son premier Grand Chelem lors de sa première participation. Comme Federer, Nadal, Sampras ou autre McEnroe… Bref, les larmes et les émotions du vainqueur furent belles mais merde, que ce seizième Majeur eût été plus beau !!

J’en ai aussi une rage contre ces supporters argentins au QI et au fair-play aussi développés que la poitrine de Justine Henin. Autant j’ai été impressionné par leur nombre hier soir, autant je les ai trouvés complètement cons ! J’ai même failli me tarter avec l’un d’entre eux, un de ces fiérots à deux balles qui hurlait à chaque premier service du Rodg dans le filet. Je savais que le public sud-américain était chaud, je sais désormais qu’il est un modèle de connerie, de bêtise et d’anti-sportivité ! Et franchement, si ces ânes ne se qualifient pas pour la Coupe du Monde, j’en connais un qui ouvrira une bouteille de champagne sur son balcon…

Rodgeur termine donc sa moisson 2009 en Grand Chelem comme il l’avait commencé : par une défaite mortifiante. Comme à Melbourne, il avait toutes les cartes en mains pour l’emporter en trois ou quatre sets, sans trembler. Comme en Australie, il a été trahi par son service, n’a pas su saisir ses chances (5 balles de break converties sur 22 !) et surtout, aura complètement craqué au dernier set. Et sur le même score, en plus… La seule différence avec Melbourne, c'est que le Suisse a géré la remise des trophées avec un calme et un sourire étonnants. Les effets de la paternité certainement…

Putain, je ne suis pas prêt de digérer cette claque monstrueuse… Je suis à New York mais je n’ai même pas envie de sortir, ni de faire le con, ni de mater des culs ! La déception est incommensurable ce matin. Ah ce Rodgeur, ça reste notre baromètre d’humeur national… Même s’il ne me lit pas, j’aimerais toutefois passer un message au Maître : malgré la déception et la fatigue, viens défendre les couleurs de la Suisse ce week-end à Gênes ! Je sais que tu es carbonisé après cette quinzaine harassante, mais la patrie a besoin de toi ! Ce serait une maigre consolation, mais une consolation quand même…