Un match de légende et une crise de nerfs

Désolé pour mon silence ces trois derniers jours, je dois t'avouer que je suis encore sous le choc. J'ai vraiment pris une baffe dimanche passé. Quelle émotion, quel match, quel pied ! C’est sans aucun doute la plus belle finale de Grand Chelem disputée par Rodgeur, la plus serrée, la plus mythique, la plus spectaculaire aussi ! J’en ai encore des frissons dans le dos, ce n’est pas tous les jours qu’on assiste à un match d’anthologie. C’est sûr, cette finale de Wimbledon 2007 restera gravée dans les annales du tennis, c'est le genre de match dont on parlera encore dans 30 ans. Ces deux énormes champions au sommet de leur art, cette intensité, ces échanges à couper le souffle, ce suspense, cette balle de match incroyable et les larmes du maître, franchement, j’en durcis encore ! Quand le tennis nous offre un tel spectacle, je le dis haut et fort, c’est le plus beau sport du monde !

Après la joie provoquée par cette nouvelle victoire du Rodg - la onzième en Grand Chelem ! -, il y a les craintes et les questions… Craintes de voir un Nadal si proche du Suisse, craintes de voir ses progrès sur gazon, craintes de constater qu’il était meilleur dans de nombreux domaines dimanche… On l’a déjà dit, Rodgeur a été sauvé par sa première balle. Sans ses 24 aces et innombrables services gagnants, ce titre aurait été espagnol. Ouais, on a eu très peur dimanche… et à mon avis, on n’a pas fini de souffrir avec ce Rafa ! C’est dur à dire, mais il m’a vraiment impressionné durant cette quinzaine. Restent les questions : ne va-t-il pas «exploser» ? Son physique va-t-il tenir ? Dimanche encore, il a dû faire appel au kiné, preuve que son corps souffre… Pour moi il n’est pas à l’abri d’une fringale et d’un gros passage à vide, comme l’année passée où il avait sombré après la finale de Wimbledon. Premières réponses en août lors de la tournée américaine et verdict en septembre à l’US Open ! Et si la finale est de nouveau Federer – Nadal, elle s’apparentera comme l’apothéose de la saison 2007. A Rodgeur de montrer qu’il est le patron et qu’il veut le rester !

Malgré la pluie, cette cuvée de Wimbledon a été de toute beauté. Henman – Moya, Nadal – Soderling, Gasquet – Roddick ou autre Baghdatis – Djokovic : on a vraiment vibré cette année. Bref, on était à des années lumière de ce Roland Garros pourri, sans spectacle et sans émotion ! Même la finale du double messieurs a tenu toutes ses promesses avec la victoire de mes potes Arnaud et Mika. T’as vu leur show à la fin du match ? Enorme. Ils ont presque fini à poil sur le court no1 ! Eux c’est vraiment des débiles, ce n’est pas pour rien qu’on s’entend si bien ! Ca n’a pas manqué, après avoir déguillé une caisse de bordeaux dans le vestiaire, Arnaud et Mika m’ont appelé, ils étaient chaud comme la braise… Ils m’ont chauffé pour venir fêter leur titre avec eux, bon j’étais emmerdé, j’étais également invité à la réception donnée par Rodgeur au All England… Mais tu me connais, entre boire du thé chaud avec la Vavrinec et les parents Federer et descendre des pints avec le clan Clément - Llodra, le choix était vite fait ! Quand je suis arrivé dans leur pub, ils étaient en train de chanter la Marseillaise sur une table ! Llodra a ensuite voulu imiter Robbie Williams en concert : il a enlevé sa chemise et s’est jeté de la table sur la foule incrédule… Manque de bol tout le monde s’est retiré, Mika a fini à plat ventre et s’est explosé trois dents en atterrissant… C’est con parce qu’il était invité chez Michel Drucker dimanche prochain, il sera obligé d’annuler, sauf s’il achète un dentier ! Moi je lui ai conseillé d'appeler Gilles Thibaudeau, il pourrait lui trouver des dents en plastique !

Puis sinon tu es au courant… Je n’ai pas commenté les matches ce week-end… On s’est engueulé samedi matin avec Pierre-Alain… En fait vendredi soir je suis de nouveau sorti, mais seul cette fois. J’ai fini dans un pub sur Trafalgar Square rempli de touristes japonais. Vu que j’étais seul j’ai fait connaissance avec les Nippons, qui ne m’ont évidemment pas reconnu. Je leur ai dit que j’étais un ex-joueur de tennis originaire de Suisse, accessoirement champion olympique à Barcelone. Ils ont eu de la peine à me croire, faut dire qu’au rythme auquel je descendais les chopes de Guinness, je n’étais pas très crédible. Et là j’ai eu une idée lumineuse : je leur ai dit que Stéphane Lambiel était à Londres et que je savais où il se cachait. Les «Japs» sont devenus complètement hystériques ! Je les ai d’abord fait saliver, histoire de me faire offrir quelques verres. Puis j’ai lâché le morceau, je leur ai donné l’adresse de l’hôtel de Pierre-Alain Dupuis en leur disant qu’il se planquait sous le nom d’Alain Bolomey. Bref, 40 Japonais excités comme des puces ont débarqué à son hôtel à 2 heures du mat’, le portier de nuit a été assailli et n’a pas pu les empêcher d'arriver devant la porte de Pierre-Alain. Le Dupuis s’est fait réveiller par les hurlements et a eu la peur de sa vie… Il a sauté par la fenêtre et s’est mis à courir en ville en robe de nuit, trop fort ! Il m’a raconté ça le lendemain : «Tu vois Marc j’avais raison, j’ai des fans à Londres. Je suis une star internationale, je ne peux plus dormir tranquille ! Tu aurais dû les entendre hier, c’était de la folie, ils étaient au moins 200 devant ma chambre d’hôtel ! Demain j'engage un garde du corps pour m'accompagner jusqu'à Wimbledon !» Je n’en pouvais plus… J’ai failli m’étouffer tellement je riais… Le Dupuis s’est rendu compte que j’avais organisé le coup, il est devenu vert de rage, a hurlé et a juré de ne jamais commenter un match de sa vie avec moi ! Voilà pourquoi tu ne m’as pas entendu ce week-end…

Allez, sans rancune Pierre-Alain et encore bravo Rodgeur ! Moi je rentre en Suisse, j’ai rendez-vous avec les marins d'Alinghi dans mon bistrot demain soir !