A poil sur mon balcon !

C’est à poil sur mon balcon que j’ai passé ma soirée ! J’ai fumé cigare sur cigare, bu cognac sur cognac et sifflé l’hymne national suisse toute la nuit ! J’ai commandé ma ration de crevettes dans le dernier asiatique encore ouvert, je les ai dégustées une à une, j’ai croqué dans les gousses d’ail et vais les roter dans la gueule de tous les Espagnols que je croise ces dix prochains jours ! Ça fait trois mois qu’ils me chambrent, trois mois qu’ils me les brisent, trois mois qu’ils n’arrêtent pas de coller la première page du Marca sur ma porte. Ben autant te dire que je suis en transe aujourd’hui, complètement hystérique, heureux comme un adolescent qui vient de perdre sa virginité avec la plus belle miss du lycée ! Je serai capable de rouler une pelle à Séverin Lüthi, sortir en boîte avec Mirka Vavrinec et me faire lécher la gueule par une vache sans broncher ! Je pense même que je pourrais serrer dans mes bras Martina Hingis et sa mère !

Franchement, nous avons tous douté. Roland Garros, Wimbledon et ces petites défaites à la con dans la tournée américaine nous avaient fait craindre le pire. Il y a eu ce gros débile de Borg avec ses théories à deux sous, Lionel Chamoulaud et ses analyses aussi solides que la défense de l’équipe de France, bref nous étions tous à douter… Et peut-être Rodgeur le premier…

Alors voilà, cette victoire a un goût particulier, un goût unique. On la voulait tellement qu’il faut la savourer, la déguster, en profiter chaque seconde, comme un bon Bordeaux qu’on boit avec son meilleur pote ! Quel match, quels coups, quelles gifles de coup droit ! Et ces agressions à 6-5 sur le service de Murray, quatre de suite pour conclure un set en beauté et tuer le match ! Et ce récital au 3ème set, ces amortis, ces deux jeux blancs consécutifs sur le service de Murray (!), ces volées millimétrées: le tennis est divin quand il est pratiqué par un dieu !

Ce 13ème titre du Grand Chelem est une nouvelle page dorée dans le livre de la légende Roger Federer, c’est aussi la première victoire de l’ère II ! Un 13ème Majeur qui le rapproche encore plus de Pete Sampras et de ce statut de meilleur joueur de tous les temps qu’il vise depuis quelques années. Les journaleux te l’ont déjà dit, c’est aussi le premier tennisman à faire le quintuplé à Londres et à New York ! T’imagines la portée de l’exploit ? Moi, je suis encore bouche bée...

Quant à Murray, il ne faut pas oublier qu’il nous a offert la deuxième plus belle émotion à Flushing Meadows, à savoir sa victoire contre Nadal ! Par contre, le Prince Dumbo les grandes oreilles peut commencer à travailler son look ! Entre sa barbe en poils de cul, taillée comme celle d’un cheminot à la tête de la délégation CGT du Nord, ses maillots de croque-mort, sa casquette immonde et ses oreilles de 17 centimètres, il fait tout juste envie aux mères de famille des quartiers industriels de Sheffield et Aberdeen, et encore ! Par contre, à la remise des diplômes des ingénieurs informatiques, mathématiciens et physiciens du MIT, je suis sûr qu’il passe pour une rock-star ! J’ai entendu dire que ça avait un peu gueulé à l’US Open cette année… Il a coincé les doigts à Del Potro et Gulbis en rentrant au vestiaire. Faut dire que c’est tellement étroit là-bas, qu’avec ses oreilles il ferme toutes les portes des casiers en descendant le couloir ! Bon allez j’arrête, je l’aime bien le Murray et ne le remercierai jamais assez d’avoir sorti la Momie !

Dernière anecdote, tu as vu la Vavrinec ? Il paraît qu’Otto le soldeur de passage à New York lui aurait offert un appareil photo numérique, 2 mega pixels, sans zoom avec 1 giga de mémoire. Depuis, elle dort avec et prend des photos sans arrêt. Elle s’est envoyé deux poteaux en plein centre de Manhattan et a failli se faire shooter par un taxi, mais peu importe, dans sa loge elle n’a fait que ça : prendre des photos ! L’image est assez marrante tout de même… En bon mâle, on préférerait quand même voir Heidi Klum, Adriana Lima ou Helena Christensen hystériques, mais au final, le père de Rodg, la miss de Vogue, et Vavrinec et son Kodak me font tout autant plaisir dans des soirées pareilles !

Putain les amis, quelle quinzaine ! On peut le crier haut et fort, Rodg is back ! De retour et prêt à faire une année 2009 exceptionnelle, avec la place de numéro 1 mondial, le record de Sampras et la Coupe Davis en ligne de mire. Avec, aussi, des contradicteurs aux dents longues et bourrés de talent. La grande histoire du tennis est en train de s’écrire en ce moment. Nous n’avons pas fini de vibrer, gueuler ou pleurer devant notre télé ou, mieux, au stade ! Je ne sais pas toi mais moi j’ai envie d’appeler mon banquier et de m’offrir quelques voyages en 2009 ! L’Australie, Dubaï, la tournée américaine peut-être… il se pourrait bien que j’écume quelques tournois ! Car mon seul regret cette année, c’est de n’avoir pas été à New York hier soir ! Allez, merci Rodgeur et vive le tennis !