12.7.21

20 – 20 – 20

Ce qui devait arriver est arrivé, et même un peu plus vite que prévu. Novak Djokovic – ou Djokoboss – a donc égalé ses deux meilleurs ennemis Roger Federer et Rafael Nadal dans leur course effrénée aux titres du Grand Chelem. Il y a désormais trois géants sur le toit du tennis mondial, trois monstres sacrés qui, chacun à leur manière et avec leur classe respective, marqueront l’histoire de la petite balle jaune à tout jamais. Toutefois, soyons honnêtes, de ces trois-là, on retrouve aujourd’hui un cannibale serbe prêt à tout dévorer sur son passage, un végétarien espagnol qui se contente de brouter de la terre battue (et encore) ainsi qu’un ancien boulimique helvétique devenu depuis trois ans complètement anorexique.

En vingt Majeurs comme en mille, inutile de dire que l’actuel numéro 1 mondial et patron incontesté du circuit ne va pas s’arrêter là, tandis que ses deux rivaux semblent soit dépassé, soit cramé (soit les deux…). Après son coup d’éclat à Paris, où il a quand même été grandement chahuté en huitième, demi et finale, le coton-tige s’est promené sur le gazon du All England Club. Le sosie de Joe Dalton a égaré deux petits sets, l’un au premier tour et l’autre en finale surtout par manque de concentration mais n’a jamais, mais alors jamais tremblé. Sa finale contre Matteo Berrettini ? Un modèle de gestion et de science du jeu, où le protégé de Goran Ivanisevic n’a eu qu’à élever son niveau lors des moments clés pour facilement prendre le dessus contre ce finaliste «par défaut». Loin de moi l’envie de railler l’Italien, mais force est de constater quil donne autant de rêve que les trois derniers tireurs de pénalty de l’Angleterre.

Qu’ajouter d’autre sur ce sacre aussi peu surprenant qu’une défaite des Three Lions en finale ? Rien. Comme annoncé dans mon dernier post, le Serbe file tout droit vers un Grand Chelem calendaire et un exploit absolument hors du commun. Quand je vois l’état misérable de la concurrence et le énième burnout de cette pathétique NextGen, symbolisée par un Thiem blessé, un Medvedev fatigué, un Zverev affligeant et un Tsitsipas traumatisé, je me dis que Djokovic possède une énorme marge de manœuvre. Une marge de manœuvre XXL. Genre Rocco Siffredi à un concours de bites organisé par trois Coréens et deux Vietnamiens. Ou Bill Gates à un Trivial Pursuit contre Paul Pogba, Nabilla et Barthélémy Constantin.

J’espère évidemment me tromper, je rêve qu’un jeune aux dents longues me fasse mentir et sorte le match de l’année à Flushing Meadows. Je rêve qu’un Shapovalov, un Sinner ou un Auger-Aliassime pose ses couilles sur le Arthur Ashe Stadium et nous offre l’une des rares émotions de cette triste saison. Mais sincèrement, j’y crois autant qu’à un triomphe de l’Angleterre lors d’un grand tournoi. Oui, j’en remets une couche sur ces Britons que je conchie au plus haut point. Franchement, ces charlots ont joué six de leurs sept matches à domicile, menaient 1-0 après 2 minutes en finale et avaient tout un stade, tout un pays derrière eux, avant de se liquéfier totalement et de présenter la séance de tirs au but la plus désastreuse de l’histoire, juste derrière celle de la Nati en 2006 à Cologne. Les Anglais ont inventé le football, ils ont aussi et surtout inventé la lose. Et ils cultivent remarquablement cette attitude depuis 1966, de génération en génération.

Allez, j’en ai assez dit, j'en ai le ras-le-bol, la coupe est pleine. La semaine s’annonce de nouveau pluvieuse et affreuse, Roger Federer a pris une roue de vélo à Wimbledon (désolé, je n’ai pas la force de revenir sur son parcours) et notre «été» sera désormais égayé par un Tour de France où les Suisses brillent autant que sur les courts de tennis et par des Jeux Olympiques à huis clos. Je me réjouis déjà d’éteindre ma télé.