15.6.23

Bien profond où tu sais

 

Le « où tu sais », pas besoin de dessin je pense. C’est l’orifice qui te permet de passer cinq à sept minutes tranquille sur le trône chaque matin au réveil, après avoir sifflé le café et/ou la clope au saut du lit. Ce moment où on te fout la paix, à commencer par ta femme et/ou tes gosses si tu en as. J’ai la chance de n’avoir ni l’un ni l’autre. Mais j’apprécie malgré tout ce moment que je partage invariablement avec mon iPhone. Quel beau paragraphe, j’en suis très fier.


Bref, trêve de plaisanteries, même si ça fait du bien de tenter de rire un peu. Car rire, voire même esquisser un sourire en ce moment, si tu aimes le tennis et que tu es un fan de notre Rodgeur national, ben ce n’est vraiment pas évident, alors autant parler de la pause caca quotidienne. 


Novak Djokovic vient donc de remporter son vingt-troisième titre du Grand Chelem. 23. Putain de merde. 23-22-20. Celui qui a toujours été dans l’ombre de Rodgeur et de Rafa, celui qui a toujours été considéré comme le « vient-ensuite », celui qui a toujours été dans la peau du chasseur, du mal-aimé, du mal-compris, du p’tit con qui vient te faire chier à la recrée, du blaireau en soirée qui vient te postillonner dans la gueule, de la bête noire aussi et surtout, nous la met bien profond. Mais alors très très profond.


T’as mal aux fesses depuis dimanche ? Je te rassure, moi aussi ! Telle une actrice de Pornhub après un gang-bang avec des mecs à la peau plus foncée que moi, si tu vois ce que je veux dire. Mais voilà, on s’y attendait et il faut être un ignorant, ne rien connaître au tennis ou revenir d’un séjour de dix ans sur Mars pour avoir cru que l’inéluctable n’allait pas avoir lieu. L’inéluctable, c’est évidemment que Djokovic devienne le plus grand tennisman de tous les temps. En termes de chiffres en tout cas. Pas le plus grand en termes d’aura, de charisme et de popularité, mais le plus grand en termes de palmarès. Et ça, personne ne pourra lui enlever.  


Il lui aura donc fallu deux Grands Chelem, l’un en Australie et l’un à Paris, pour défoncer LE record qui compte le plus dans le monde de la petite balle jaune. Celui du nombre de Majeurs. Il a eu la chance de tomber sur deux éditions moisies, marquées par un manque flagrant de concurrence, pour parachever son œuvre et régner sur la planète tennis pour immensément longtemps, voire pour l’éternité.


Celui qui pourra espérer battre ce record n’est certainement pas né et peut-être même pas dans les couilles de son père. Certains me parlent de Carlos Alcaraz, il est doué bien sûr mais je demande quand même à voir sur la longueur. Car pour espérer atteindre un tel chiffre, totalement ahurissant, il convient de traverser au moins trois générations de joueurs et de régner sur ce sport pendant plus de quinze ans, le tout en étant préservé par les blessures. Tout un programme…


Voilà, Novak Djokoboss l’a fait. A la retirette souvent. Sans panache ni fair-play quasiment toujours. Sans génie ni paillettes. Contre un public hostile. Mais il l’a fait. Avec un mental de fer, un jeu solide et une rage de vaincre incroyable. Bref, il nous encule tous. Profondément. Éternellement. Bravo et respect à lui.