Doux Jésus Marie-Joseph, mère de Dieu ! Mamma Mia ! Gosh, it’s fucking good ! Putain de bordel de merde, qu’est-ce que c’est bon ! Franchement je ne sais pas quoi dire, j’ai pris une telle mine dimanche soir que mon cerveau est en mode off. Je vais quand même lâcher la sauce, même si comme tu le sais certainement, il est des fins de soirée où ça devient difficile, à plus de 40 ans surtout, et même à 30 ans déjà, si tu vois ce que je veux dire...
Alors voilà, je ne sais pas si Rodgeur parle à Dieu tous les jours, mais il va laisser sur la planète tennis une ombre, une aura, une âme que personne n’oubliera jamais. Il traverse son époque avec élégance, pureté, simplicité et rigueur. Il la marque au fer rouge comme les mémoires de nombreux amoureux du tennis. Les images sont si belles, les émotions si fortes, qu’elles sont inoubliables. L’énergie dépensée à effacer les plus grands de toutes les tabelles tient du labeur, de la besogne, il le fait avec une décontraction, une élégance et une efficacité qui tiennent du génie. Quand d’autres se perdent dans leurs questions, leurs incertitudes ou leurs blessures, lui plane, vole et gagne avec ses idées, ses convictions. Son caractère aussi, qui nous rappelle que tout gentleman qu’il peut paraître, il tient bien plus du Suisse allemand entêté de Schwytz que du Genevois aigri du Pont du Mont-Blanc. Ses adversaires eux, même les meilleurs, ne peuvent qu’admirer les dessins et les aquarelles d’un Maître qui à 30 ans les tient encore à distance avec le panache d’un gamin de 20 ans et la sagesse d’un grand-père.
Nous venons de passer deux années difficiles. Deux années à gamberger sur ses choix, ses priorités, sa famille, son entourage. En deux semaines, en 3h30 d’une finale inoubliable, il vient rappeler au monde qu’il est encore au sommet de son sport, de son art, et que la promesse faite à ses filles n’avait rien du délire. Sur la barrière avec maman et grand-maman, elles ont pu goûter de près à la joie de leur père et elles auront toute leur vie pour se souvenir de ce 8 juillet 2012 où Rodgeur est allé encore plus haut, plus loin.
Parce que si tout semblait facile sur le papier, force est de reconnaître que Murray avait décidé de ne pas passer à côté. Mais il faut croire que si le destin de l’Ecossais eut été magnifique, les forces de l’esprit avaient choisi leur camp et le Maître de distiller son talent. Poussif il est vrai par moments, il a su lâcher les chiens quand il le fallait. Au-delà de la victoire, il n’y a qu’à fermer les yeux pour revoir smashes, aces, revers long de ligne, croisés, slicés et gifles de coup droit. Rien n’a manqué dans ce match. Et à moins d’inventer une nouvelle raquette, on ne voit pas ce que l’homme pourrait faire de plus au tennis. C’est donc à Wimbledon que le tennis de Rodgeur est le plus beau, comme s’il était né dans l’herbe.
Bref, je ne suis pas complètement remis de ce fabuleux dimanche. Difficile de comparer cette victoire avec les autres, mais il est certain qu’elle a une valeur particulière. Allez, je le dis, c’est tout simplement la plus belle de sa carrière. Parce qu’elle arrive après 29 mois de disette en Grand Chelem, parce qu’elle lui permet de remonter sur le trône et de battre le fameux record de Pete Sampras, parce que cette victoire arrive en cette période où le niveau du tennis n’a jamais été aussi élevé, où trois des plus grands joueurs de tous les temps se tirent la bourre comme des dératés. Rodgeur l’a fait, qu’il en soit glorifié pour des siècles et des siècles. Amen.