12.2.23

Open d’Australie 0 – Coupe Davis 100

Ça ne sera une surprise pour personne, mais autant dire que j’ai eu cent fois plus de plaisir et d’émotions à suivre ce crouille week-end (enfin, ces crouilles deux jours) de Coupe Davis à Trèves que cette infâme cuvée de l’Open d’Australie. Oui, même amputée de la journée de dimanche, même amputée des matches en cinq sets, même floquée d’une formule ubuesque, cette rencontre entre l’Allemagne et la Suisse m’a tenu en haleine et m’a fait totalement vibrer. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai même fini les bras en l’air, en mode hystérique, suite à ce merveilleux revers de Stan qui lui offrait une balle de match ; une balle de qualification qu’il conclura brillamment. Putain c’était bon, comme une pipe au réveil, comme un léger remake de l’époque de l’âge d’or du tennis helvétique. Toute proportion gardée évidemment.
 
Que ce fut beau de retrouver de la tension, de l’excitation, des supporters bruyants, parfois peu fair-play, dans cette petite mais sympathique salle de Trèves. Laquelle s’est même muée en chaudron lors des moments chauds de cette magnifique confrontation. Et des moments chauds, il y en a eu : ces deux matches remportés par l’héroïque Marc-Andrea Hüsler, dont LE chef d’œuvre du week-end face à Zverev, ce double tendu comme le slip d’un hardeur avant un gang-bang, et bien sûr ce cinquième match décisif où Stan est redevenu Stan The Man, en sauvant notamment deux balles de break au début d’un troisième set mal embarqué. J’en ai hurlé ma joie dans ma cabine de commentateur, ne manquant pas de narguer ces journalistes allemands, bêtes à manger du foin, qui commençaient à me chauffer. Alors certes, c’est une victoire contre le numéro 91 mondial dans une salle de gymnastique, pas un triomphe contre Tsonga devant 27'000 spectateurs à Lille, mais ça va lui faire un bien fou à notre Stan national, j’en suis persuadé.
 
A côté de ça, que dire de la cuvée 2023 de l’Open d’Australie, une édition triste comme un Grand Prix de Formule 1 commenté par Jacques Deschenaux ? Un tournoi absolument abject et sans le moindre intérêt. La faute à un Djokovic trop fort et à une adversité beaucoup trop faible, symbolisée par l’effondrement de Stefanos Tsitsipas en finale, sans oublier ce huitième de finale contre de Minaur (6-2 6-1 6-2), ce quart face à Rublev (6-1 6-2 6-4) et cette demi contre Paul (7-5 6-1 6-2) où le coton-tige a gagné sur une jambe, en sifflotant La Ballade des gens heureux. Bon ok, ces trois joueurs font autant peur qu’un braquage avec des pistolets à eau orchestré par deux puceaux de 8 ans et demi... Des matches à sens unique qui ont donc rendu ce tournoi complètement inintéressant. Pour dire, le joueur qui a fait le plus le spectacle à Melbourne n’est autre que… Andy Murray. Quand tu dois compter sur un Ecossais au look de croque-mort pour faire le show et sauver ton tournoi de l’indifférence totale, ça situe le niveau du truc. 
 
Ainsi donc, l’homme de tous les records semble plus affûté que jamais et empile un 22ème sacre en Majeur, revenant ainsi à la hauteur de Rafael Nadal. Le dépassera-t-il cette année ? Vu son niveau à Melbourne et sa motivation, j’en suis certain et je te promets que ça me fait mal de l’écrire. D’ailleurs, loin de moi l’envie de m’auto-congratuler, mais force est de constater que j’avais annoncé la couleur sur ce blog, il y a quinze ans en arrière (!), dans un post intitulé «Le début d'une longue série...» Tout est affreusement juste dans ce post, notamment dans le premier paragraphe.
 
Bref, Roger Federer restera le plus grand pour nous et pour beaucoup de fans de tennis. Mais qu’on le veuille ou non, le tennisman le plus titré sera Djokoboss. Enfin, on s’en fout complètement, c’est le ski alpin et Marco Odermatt qui nous font rêver désormais !