La vingtième symphonie du Maître
Cette volonté de prolonger la nuit.
Ce désir fou de vivre une autre vie.
Ce rêve en nous avec ses mots à lui.
20 tournois du Grand Chelem les amis, 20 !!!!!!!!!!!!!!!!!!!! (Oui, ça mérite bien 20 points d'exclamation, 20 shots et 20 bouteilles de champagne, et bien plus encore...) Le Maître a donc soulevé son vingtième trophée majeur dans le ciel de Melbourne et défonce encore plus les portes de l'irrationnel, de l'impossible, du surnaturel. Les portes de son propre mythe. On peut comparer sa carrière à une symphonie, une collection, un chef d'oeuvre. A la symphonie de Ludwig von Beethoven, à la collection de Léonard de Vinci, au chef d'oeuvre de Victor Hugo. Rodgeur n'a plus de semblables dans le monde du sport, alors autant essayer de lui en trouver dans le monde de l'art !
Oui, le GOAT est au-dessus de la mêlée avec ce vingtième titre en Grand Chelem, au-dessus de toutes les étoiles sportives. Devant les Pelé, Michael Jordan, Mohamed Ali, Usain Bolt, Michael Phelps, Michael Schumacher ou autre Jack Nicklaus... En atteignant ce nombre mythique de 20 Grands Chelems à 36 ans et demi, Sa Majesté Rodgeur a explosé le dernier plafond de verre qui lui résistait. Reste encore à aller chercher cette place de numéro 1 mondial qui lui tend les bras, histoire de parachever sa symphonie et d’ajouter une nouvelle ligne dorée à son incroyable légende ! Vivre pour le meilleur...
Après des demi-finales aussi infectes que le nouveau logo du Lausanne-Sport et un tournoi globalement décevant, la finale a – heureusement – sauvé un peu les meubles. On espérait un beau combat, on rêvait d'un match en cinq sets, ceux-ci ont bel et bien eu lieu. A des années lumières du chef d'oeuvre de 2017, bien sûr, mais cette finale a quand même largement tenu ses promesses et apporté son lot d'émotions. Notamment à la fin du deuxième set et surtout au début d'un cinquième set irrespirable avec ces deux balles de break sauvées par le roi Rodgeur. Nul ne sait ce qu'il serait arrivé si le Croate avait concrétisé l'une de ses deux occasions et gagné ainsi un sixième (!) jeu de suite... Dans les cordes, bousculé par un Cilic en pleine bourre, le Maître aurait-il craqué ? Personne ne le sait et à vrai dire on s’en branle... Tout ce qu'on sait aujourd'hui, c'est que la suite ne fut qu'une formalité, une puissante jouissance jusqu'au Graal ! Que je t'aime, que je t'aime. Et je vais arrêter ici de citer du Johnny, tu vas me prendre pour Pascal Droz...
Allez, même en ce jour de plénitude totale, je vais quand même faire mon éternel grincheux et regretter que les organisateurs de l'Open d'Australie (ou les dirigeants de l'ATP...) n'aient pas pensé à célébrer ce vingtième historique. Aucune vidéo diffusée sur les écrans géants, aucun chiffre 20 projeté dans le stade, aucun feu d'artifice, aucune surprise, rien. Dommage et ô combien décevant ! Le plus grand tennisman de tous les temps aurait mérité un hommage plus vibrant que ces simples discours... Malgré leurs défauts, les organisateurs de Roland Garros avaient, eux, au moins eu le bon goût de mettre sur pied une magnifique célébration pour la Decima de Rafael Nadal. Et moi qui croyais que les Australiens avaient de l'imagination et des idées... Bref, passons.
Wimbledon 2003 – Australian Open 2018... 16 ans et 20 titres majeurs, du premier sacre contre Philippoussis à cette apothéose contre Cilic en passant par ces duels de légende contre Agassi, Roddick, Nadal ou Djokovic. Roger Federer, seul tennisman sur terre à avoir traversé trois générations en continuant à gagner, à évoluer, à impressionner, et en ayant toujours gardé intact ce plaisir de jouer. Federer défie le temps, la nature, l'Histoire. Comme dirait un pote : quand j’ai envie de communier avec Dieu, pas besoin d’aller à l’église, je me pose devant la télé et regarde Federer. Bref, merci Rodgeur pour ces 20 Majeurs, merci pour ces émotions à la pelle, ce bonheur à profusion, cette joie unique. Merci, tout simplement, d'être de la même époque que nous. Rien n'aurait été pareil sans toi, rien !!!