29.5.18

Qu’est-ce qu’on s’emmerde…

 
Après un début de saison hors du commun, marqué par le vingtième Majeur du Maître et son fabuleux come-back sur le trône, le retour sur terre – au propre comme au figuré – donne autant de rêve qu’un samedi soir devant Les Coups de Cœur d’Alain Morisod ou un dimanche après-midi à la Pontaise, là où vingt adolescents pré-pubères ont fait une superbe promotion pour leur livre de chevet, Le Hooliganisme pour les Nuls. Entre les Decima, les Undecima et les Vachiercima de Rafael Nadal, cette deuxième partie de saison nous apporte vraiment, mais alors vraiment aucune émotion. Oui, il y a bien eu un petit frisson lors de la défaite de Musclor à Madrid, laquelle a permis à Rodgeur de passer une semaine de plus dans le fauteuil de numéro 1 mondial. Mais ça reste un petit frisson de rien du tout, comme lorsque tu regardes les résultats de l’Euromillions et que tu t’excites parce que tu as une étoile et deux numéros.

En gros, l’ogre de Manacor a absolument tout gagné, faisant passer ses adversaires pour de simples faire-valoir, des gentils sparring-partners, des Loris Karius ou le Lausanne-Sport en 2018. Franchement, autant annuler ce tournoi de Roland Garros et lui remettre dès demain la Coupe des Mousquetaires, ça nous évitera de regarder ce massacre et d’entendre toutes ces crevettes à l’ail dégoulinantes de fierté crier à la gloire de leur idole...

Dans cet océan d’ennui, l’adversité n’a jamais paru aussi nulle et pathétique : entre un Wawrinka convalescent et déjà éliminé, un Djokovic en quête de son meilleur tennis, un Murray aux soins intensifs, un Federer sur son transat et le reste de la meute soit trop tendre, soit hors de forme, aucun joueur ne semble capable ne serait-ce que de prendre un set à Popeye. Bon, tu me diras que Bolelli n’est pas passé loin, mais on mettra ça sur le compte d’un malentendu… Oui oui, comme ce soir-là en vacances au Cap d’Adge, lorsque tu as roulé des pelles à une magnifique Suédoise qui était à deux pour mille et qui pensait embrasser Brad Pitt, et qui t
’a envoyé péter comme la dernière des merdes quand son taux d’alcoolémie est redescendu. Bref, qu’est-ce qu’on s’emmerde, qu’est-ce qu’on se Geneva Open.

Pffffrrrrr.

On s’emmerde à tel point que c’est Marco Trungelliti, le lucky loser le plus improbable de l’histoire, qui fait le buzz cette semaine à la Porte d’Auteuil. Repêché à la dernière minute, le sympathique Argentin s’est tapé dix heures de route entre Barcelone et Paris le dimanche accompagné par son frère, sa mère et… sa grand-mère de 89 ans ! Cette joyeuse cohorte est arrivée dans la capitale française peu avant minuit et, le lendemain, Marco gagnait son premier tour contre Bernard Tomic. Une très belle histoire, comme celle des pays africains en Coupe du Monde. Tout le monde trouve mignon sur le moment, mais tout le monde l’aura oublié d’ici la fin de la semaine. 

Désolé pour mon humeur les mecs, je pondrai éventuellement un post à la fin de la quinzaine pour évoquer la victoire 6-2 6-0 6-1 de Hulk en finale, à moins d’un tremblement de terre de magnitude 10 sur l’échelle de Richter, lequel pourrait me faire sortir de ma torpeur et de mon aigreur. Ne sait-on jamais, sur un malentendu…