20.7.22

22 – 21 – 20

En tennis, dans le sport et dans la vie en général, tout va très vite… Trop vite parfois.

14 juillet 2019, notre Rodgeur national se procure deux balles de match, deux balles pour remporter un neuvième Wimbledon et un vingt-et-unième tournoi du Grand Chelem. Il les foire lamentablement. L’infâme Novak Djokovic, cauchemar absolu de Federer à Church Road (trois finales, trois défaites), retourne la situation et s’adjuge une seizième couronne en Majeur. Une page de la grande histoire du tennis s’est jouée ce jour-là. Au lieu d’un 21 – 18 – 15, on passe à 20 – 18 – 16. Le train était passé pour Rodgeur et ne s’arrêtera plus jamais.

Nous sommes le 20 juillet 2022, trois ans plus tard. On est en train de cuire comme des merguez, il fait 40 degrés à Londres, la semaine des crétins du Paléo a démarré et la hiérarchie du tennis a été complètement bouleversée. Roger Federer, du haut de ses 40 ans, a totalement disparu des radars, à tel point qu’il ne figure même plus dans les tabelles de l’ATP. Les premiers Suisses du classement se nomment désormais Huesler (99e), Laaksonen (108e) et Stricker (180e), à qui l’on souhaite évidemment autant de réussite qu’à leurs prestigieux aînés.

Le train est donc passé et a même écrasé notre si belle gare en passant. Une gare flamboyante à l
’époque, mais qui ressemble aujourd’hui au mieux à un abribus de la banlieue genevoise, au pire à la gare de triage de Denges. Depuis ce funeste 14 juillet 2019, le pire jour de ma vie juste avant celui où je me suis pété le poignet contre un panneau publicitaire à la Hopman Cup, onze tournois du Grand Chelem se sont disputés. Cinq sont revenus à Djokobite, quatre à Rafael Nadal tandis que Daniil «Calimero» Medvedev et Dominic «Poulidor» Thiem se sont partagés les miettes. Trois ans pour faire passer notre Rodgeur national de recordman de Majeurs à médaillé de bronze. Trois ans durant lesquels on a vu davantage Stan sur les réseaux sociaux que sur les terrains. Trois ans où le Covid a rendu les cons encore plus cons, à commencer par Novax Djokovid, ce qui n’est pas un mince exploit

Rien de dramatique non plus. La terre continue de tourner, la température de monter, le Lausanne-Sport de perdre, les Chinois de polluer, les Russes de faire chier, les Américains de provoquer et les Français de se la raconter. L’avenir ? Une tournée d’adieux de Federer qu’on espère réussie et pleine d’émotions, deux ogres qui vont continuer à enquiller les titres et une concurrence qui peine toujours à poindre le bout de son nez. 

Entre un Medvedev qui a réussi à offrir deux finales de Grand Chelem à Nadal, un Zverev gravement blessé, un Thiem convalescent, un Tsistipas toujours aussi nul en Majeur et un Ruud au charisme d’un cycliste biélorusse sur le Tour de Romandie, ça fait autant rêver qu’un film de boules avec Ruth Dreifuss et Johann Schneider-Ammann en acteurs principaux, sous-titrage en suisse allemand inclus. L’avenir et les grands titres – à moyen voire long terme semblent désormais promis à des mecs comme Alcaraz, Sinner et autre Auger-Aliassime, à la condition sine qua non que ces derniers musclent leur jeu pour les combats au meilleur des cinq sets.

Allez, je vais retourner sous mon parasol, les pieds en éventail, regarder d’un œil le tournoi de Gstaad, écluser deux-trois bières, éviter de me faire piquer par une guêpe et espérer un peu de fraîcheur. Bel été à toutes et tous !