18.9.17

Un derby et un maintien !

En trois jours de compétition ce week-end, la Coupe Davis a de nouveau étalé sa magie et offert plus d'émotions que durant les quinzaines de Roland Garros et l'US Open réunies. Je le dis et le répète : ne touchons surtout pas à ce mythique Saladier d'Argent ! Même sans les cadors du circuit, les demi-finales ont attiré des dizaines de milliers de spectateurs du côté de Lille et Bruxelles, et la communion entre public et joueurs fut la meilleure des réponses aux nombreux détracteurs de ce trophée. Quel tournoi sur le circuit peut se targuer de réunir autant de monde pour un Tsonga – Lajovic ou un Darcis – Thompson ? Quelle autre compétition pourrait hisser au rang de héros Marco Chiudinelli et rendre quasi hystérique Séverin Lüthi ? Poser la question c'est y répondre... 

A l'heure où l'inutile Laver Cup va voir le jour, il convient de se battre pour garder intacte la formule actuelle de la Coupe Davis, qui reste l'une des plus emblématiques compétitions par nations au monde. D'ailleurs, quel est le but de cette Laver Cup, une pâle copie de la Ryder Cup en golf ? On adore Roger Federer mais là, franchement, on ne comprend pas du tout ses motivations à lancer une telle compétition dans un calendrier déjà surchargé, à part remplir ses poches et celles de ses sponsors Rolex et Mercedes... Si l'autre objectif est de faire la promotion du tennis dans des villes comme Prague où le circuit ne s'arrête généralement pas, autant se concentrer sur la Coupe Davis qui, faut-il le rappeler, avait fait chavirer cette même 02 Arena en novembre 2012. La force de la Coupe Davis, c'est ça : remplir des stades improbables et faire du tennis une énorme fête, comme ce week-end à Lille ou Bruxelles, comme ces dernières années à Zagreb, Glasgow, Genève, Buenos Aires, Gand, Belgrade ou Séville... 

La finale de l'édition 2017 nous offrira donc une affiche aussi alléchante qu'inédite entre la bande de cocus et les Diables rouges. Un véritable derby entre francophones qui devrait avoir de nouveau lieu au stade Pierre-Mauroy, lequel sera certainement envahi par les supporters belges, comme les Suisses en 2014 (souvenirs, souvenirs...). Sans vouloir allumer une nouvelle fois nos amis français, force est de constater que les hommes de Yannick Noah ont bénéficié d'un tableau plus clairsemé que jamais, digne de Nadal à Flushing Meadows, puisqu'ils ont éliminé le Japon sans Nishikori, la Grande-Bretagne sans Murray et la Serbie sans Djokovic. Manquerait plus que Goffin se blesse d'ici la fin du mois de novembre et la boucle serait bouclée... 

Toutes proportions gardées, ça rappelle un peu le parcours de l'Allemagne à la Coupe du Monde 2002 : la Mannschaft avait dû battre le Paraguay, les Etats-Unis et la... Corée du Sud afin de décrocher son billet pour la finale. Les Belges, en cette édition boudée par les ténors, n'a pas vraiment à se plaindre non plus... Mais bon, on va arrêter de se moquer et se rappeler ici que la Suisse avait terrassé une Serbie privée de Djokovic avant d'affronter le Kazakhstan et l'Italie pour valider son billet pour la finale en 2014. On a connu pire. 

Bref, autant on snobera cette infecte Laver Cup, autant on se réjouit d'assister à cette finale entre Français et Belges dans le chaudron du nord de l'Hexagone, véritable Jardin d'Eden du tennis helvétique, là où est née la divine Ballade des Gens Heureux. Avant de conclure, une dernière ligne pour saluer le maintien dans le groupe mondial d'unser Nati. Comme l'an dernier, la Suisse B a fait le boulot dans la cathédrale de Bienne (pas pour sa beauté, mais pour son silence et ses nombreux sièges vides...) et retrouve sa place dans les seize meilleures équipes du monde. Bravo les mecs, bravo Marco et vive la Coupe Davis !

11.9.17

A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire...

Dusan Lajovic (85e mondial), Taro Daniel (121e), Leonardo Mayer (59e), Alexandr Dolgopolov (64e), Andrey Rublev (53e), Juan Martin Del Potro (28e) et Kevin Anderson (32e) : non, ce n'est pas les sept premières têtes de série du challenger de Banja Luka qui débute ce lundi, mais bien les adversaires qu'a dû affronter Rafael Nadal pour cueillir son 16ème titre du Grand Chelem. Et encore, le seul ««danger»» de ce tableau, Jean Martin De La Poutre, est arrivé complètement carbonisé face à lui. Bref, ne compte pas sur moi pour féliciter le taureau des Baléares dans ce post, il a juste réalisé l'une des plus belles impostures de l'ère moderne, ni plus ni moins. Mon Dieu que le tennis n'est pas sexy quand il nous offre aussi peu d'émotions.

Bien sûr, ses fans – que je n'invite pas à me lire, ni à me croiser ces prochains jours – me diront que ce n'est pas de sa faute, que les favoris et autres outsiders n'avaient qu'à tenir la route et assuré leur rang. Ils ont probablement raison, comme ils ont raison d'écouter Enrique Iglesias, de passer leurs vacances aux Canaries et d'être supporters du FC Barcelone ou du Real Madrid. Je ne le suis pas et je les emmerde.

Comme tu le sais, cet Abattoir Open était terminé pour moi depuis la vilaine défaite de Rodgeur en quart de finale. J'aurais espéré un exploit de Del Puerco ou Anderson, mais les deux grands pins ont été aussi ridicules et impuissants que Popeye a été solide et efficace. Un monstre froid, à l'image du Nadal de Roland Garros, qui s'est offert ce tournoi sans match référence, sans adversaire, sans panache et donc sans gloire...

Je suis aigri et con ? Oui, et je l'assume. Ce soir je n'ai pas envie de féliciter la Momie, encore moins de l'encenser après son retour en grâce cette saison. Evidemment qu'on le déteste moins que Murray ou Djokobite, évidemment que ce mec est un modèle de fair-play et un bon gars, évidemment que son équipe – son oncle Toni en tête – est très sympa, mais voilà, il est aujourd'hui à 16 titres majeurs et on serait heureux qu'il en reste là. A vrai dire, on préférait largement le Nadal de 2015 et 2016, tu sais, celui qui perdait contre Verdasco au premier tour en Australie ou contre Pouille en huitième de finale de l'US Open. Il criait et transpirait autant, mais faisait clairement moins peur.

Allez, on va quand même se réjouir de cette fin de saison qui pourrait valoir son pesant de cacahuètes si le Maître retrouve ses sensations et son physique. On veut y croire, comme on aimerait croire que cet Abattoir Open ne fut qu'un mauvais rêve.

7.9.17

Federer – Nadal, le duel maudit à New York

Et merde merde et re-merde !!! Je le crie même haut et fort : FUUUUUUUCK !!!!! Federer – Nadal, le duel qui faisait rêver toute la planète tennis avec, en jeu, une place en finale et une place sur le trône, n'aura donc pas lieu à Flushing Meadows, et ça fait sacrement chier. Oui, j'ai envie d'être con et vulgaire ce matin, d'être aigri et de mauvaise humeur, d'autant plus que je n'ai quasiment pas dormi de la nuit à cause de ce putain de match de merde. Oui, je redis merde et si je deviens trop lourd, je t'invite à aller à la Fnac et à t'acheter un recueil de Molière ou Baudelaire, ce n'est pas ici que tu trouveras de la poésie.

Une nouvelle fois, une énième fois à New York, Rodgeur a donc posé un lapin à son meilleur ennemi alors que tout était réuni pour vivre une véritable apothéose, un truc unique dans une saison de dingue. L'homme aux 19 Majeurs a mordu la poussière face à celui qui l'avait déjà terrassé ici en 2009 et, au vu de ce troisième set et de ce tie-break à la con, il peut nourrir de vrais regrets. Même s'il n'était pas dans un grand jour, Rodg n'aurait JAMAIS laissé filer ce match s'il avait gagné ce satané tie-break. Il aurait serré le jeu et le poing, et passé en quatre manches, j'en suis certain. Mais voilà, incapable de convertir l'une des quatre balles de set, dont deux sur son service, le Bâlois a donné le bâton pour se faire battre et n'y était ensuite plus, dans la tête et dans les jambes. Un remake de la finale de 2009, en presque aussi traumatisant.

Bref, c'est une immense déception, une terrible claque et il me faudra quelques jours pour digérer, surtout si c'est Popeye qui soulève la coupe dimanche soir. Nadal – Del Potro et... Carreno – Anderson (!), telles seront donc les affiches des demi-finales de cet Abattoir Open. Non mais merde ! T'as déjà vu des demi-finales aussi déséquilibrées ? Ces demies, c'est comme si ton meilleur pote passe son été à Ibiza avec une top-model pendant que toi, tu travailles au tri de la poste de Moudon et que tu habites en collocation à Goumoens-le-Jux avec trois altermondialistes et deux bergers allemands...

D'un côté, deux monstres aux 16 titres du Grand Chelem, au jeu atypique et à la popularité hors norme. De l'autre, le désert de Gobi, le cerveau de Jean-Claude Van Damme, la bibliothèque de David Guetta, les bonnes idées de Donald Trump, les titres gagnés par le LHC ou la collection de bouquins romantiques de Rocco Siffredi... Merci encore à Andy Murray pour cette hérésie totale, ce hold-up XXL.

Bref, aujourd'hui je suis frustré, fâché, dégoûté. L'histoire du tennis est passée à côté d'un événement gigantesque, New York aurait mérité un plus beau tableau et cette saison magique a, tout d'un coup, perdu un peu de sa superbe. Allez, ne reste plus qu'à espérer un nouvel exploit de Del Potro face à Nadal, ce serait une maigre consolation, mais une consolation quand même...

1.9.17

L'Abattoir Open

Oui, on peut comparer cet US Open à un abattoir, un cimetière des éléphants ou un peloton d'exécution, là où les têtes sont décapitées à un rythme effréné, à en rendre jaloux Bachar el-Assad, Kim Jong-un ou Bulat Chagaev. Après les forfaits de Wawrinka, Djokobite, Nishikori et Raonic, il y a eu celui de cet âne de Murray, lequel a merveilleusement cassé les couilles aux organisateurs et complètement déséquilibré le tableau puisqu'il a attendu la toute dernière seconde avant de renoncer à s'aligner, tel le petit emmerdeur de la classe que tu enfermes dans les casiers à la recrée. 

C'est lamentable et honteux de la part du Frankenstein des Highlands, l'homme qui – par égoïsme ou négligence va peut-être empêcher l'histoire du tennis d'assister à une finale Federer Nadal à New York. Résultat des courses, ce Flushing Meadows ne veut absolument rien dire avec d'un côté Rodgeur, Rafa, Del Potro et leurs 35 titres en Grand Chelem, et de l'autre zéro Majeur au compteur après l'élimination de Cilic... Du grand n'importe quoi, une absurdité sans nom, un sketch qui ne fait rire personne (sauf Novak et Andy...), bref, merci à la tête à claques de l'année et au fossoyeur du circuit, j'ai nommé Andy Murray.
Vu qu'on n'est plus à un gag près dans cette édition ubuesque, les principaux outsiders de cette quatrième levée du Grand Chelem ont décidé de se fourvoyer magistralement. L'US Open 2017, pardon, l'Abattoir Open 2017 a donc perdu en l'espace de cinq jours Zverev, Dimitrov, Berdych, Cilic ou encore Tsonga et Gasquet, même si les éliminations de joueurs français en début de Majeur c'est devenu une habitude. C'est surtout une grosse baffe et une immense déception pour Alexander Zverev et Gregor Dimitrov, dont on attendait beaucoup (trop ?) après leurs récentes performances en Masters 1000.
Du coup, alors que le haut du tableau reste quand même très dense avec les présences de Federer, Nadal, Goffin, Thiem et autre Del Potro, le bas du tableau ressemble à un barrage de Coupe Davis, à une foire à la saucisse ou à un giron de jeunesse dans le Gros-de-Vaud. Sans vouloir manquer de respect à Querrey, Pouille, Anderson ou Carreno, cette partie de tableau est indigne d'un tournoi du Grand Chelem. A tel point que certains voient en Shapovalov, 18 ans et trois poils au menton, l'un des favoris pour une place en finale... A défaut d'être équitable, cela a au moins le mérite d'être original et rafraichissant. Et ça ne fait évidemment pas de mal de voir d'autres têtes que Djokovic et Murray. 

Avant de te quitter, un dernier paragraphe pour évoquer notre Rodgeur national, dont le début de tournoi est loin d'être rassurant. Après un premier tour bizarroïde, le Maître a enchaîné avec une victoire ô combien poussive contre Youzhny. Un match que le Bâlois aurait pu régler en quatre manches, voire en trois, mais qu'il a réussi à tirer jusqu'au cinquième set en se compliquant la vie tout seul. Le GOAT (Greatest Of All Time), comme on l'appelle aux States, a finalement dû transpirer bien plus que prévu pour battre sa victime préférée pour la 17ème fois en 17 confrontations, un "honneur" que partage désormais Mikhail Youzhny avec David Ferrer. Vu cette entame compliquée, on ne va pas trop se mouiller pour la suite et espérer une montée en puissance du Suisse. Si son dos tient le coup, il n'y a aucune raison de ne pas y croire. Mais il faudra montrer un autre visage et un autre tennis, surtout si le choc annoncé contre Popeye a bel et bien lieu. Allez Rodgeur, retrouve vite ton jeu, remets-toi à voler sur le court et fais-nous de nouveau rêver !