10.6.19

Overdose

Overdose : prise, accidentelle ou non, d’un produit quelconque en quantité supérieure à la dose limite supportable par l’organisme, ce qui peut provoquer des symptômes divers pouvant aller, dans les cas extrêmes, jusqu’à la mort du sujet. La mort du sujet, c’est celle de Roland Garros qui est devenu, au fil des années et malgré quelques rares exceptions, un tournoi sans le moindre intérêt, sauf celui de savoir qui va se faire défoncer par l’ogre de Manacor en finale. Soyons honnêtes, des douze finales remportées par Rambo, y en a-t-il une, j’ai bien dit une, que tu as pris du plaisir à suivre ? Une finale haletante, pleine de suspense et d’émotions ? Pas besoin de réfléchir longtemps, il n’y en a aucune.

Parce que le schéma de ces rencontres est connu, archi-connu, comme avant un match à élimination directe de la Nati : tu es plein d’espoir au départ, tu te dis que ça va enfin le faire mais tu finis à chaque fois la queue entre les jambes. Brecouille et dégoûté, comme un invité VIP qui doit se farcir un Federer – Nadal dans sa loge alors qu’il était tellement bien à boire du Laurent Perrier rosé et à bouffer des sushis sous sa tente Louis Vuitton… La finale de dimanche n’a pas dérogé à la règle. Dominic Thiem a démarré fort avant de sombrer petit à petit, tant physiquement que mentalement, face au travail de sape du meilleur joueur de l’histoire sur brique pilée. Qu’on le veuille ou non, l’écart était énorme entre la Momie et l’Autrichien, l’un des meilleurs représentants de cette NextGen dont le premier titre en Majeur se fait désespérément attendre. 

Après, certains argueront que Nadal a été favorisé par la programmation, lui qui a pu tranquillement finir son match vendredi alors que Thiem a dû batailler sur deux jours, dont près de deux heures samedi, pour venir à bout du coton-tige dans une demi-finale de haut vol. Un problème, au passage, qu’il n’y aura plus en 2020 à Paris, vu que les organisateurs auront finalement réussi, 32 ans (!) après Melbourne, à construire un toit sur leur putain de stade. Bref, c’est vrai que Musclor est arrivé plus frais et reposé en finale. Mais il faut reconnaître aussi que ce Rambo-là fut impressionnant, n’hésitant pas à monter au filet, se montrant sans cesse agressif et qu’il semble, année après année, toujours plus fort, toujours plus complet. Plus fort que jamais.

Voilà les amis, comme chaque année ou presque, on est bien content que cette saison sur terre battue se termine et que ce tournoi de Roland Garros, au palmarès aussi original que la notice d’emballage d’un Dafalgan, soit derrière. On saluera quand même le beau parcours de nos deux Suisses et on se souviendra encore longtemps de ce somptueux Wawrinka – Tsitsipas, LE match de l’année. Et bravo à Rafael Nadal pour ce douzième sacre, ce douzième massacre. Un taureau des Baléares qui, lorsqu’il gagnera son 17ème Roland Garros à l’âge de 38 ans, n’aura plus un cheveu sur le caillou… On sera alors en 2024, Federer jouera peut-être encore au tennis, la brillante Marion Bartoli sera devenue ministre des sports, Guy Forget aura un melon aussi grand que la dette des JO de Paris, la Nati n’aura toujours pas gagné un match à élimination directe et le tennis français sera toujours aussi pitoyable, sur et en dehors des courts. Bref, je me réjouis de rentrer à Genève.

7.6.19

Mais quel beau vendredi de merde

Quelle chierie, quelle horreur, quelle honte ! Franchement, des jours pareils, autant les rayer tout de suite du calendrier et les oublier au plus vite. Un vendredi venteux, pluvieux, froid, bref, absolument dégueulasse. Digne d’un mois d’octobre en Bretagne ou d’un été au Groenland alors que merde, on est un 7 juin oui ou merde ? Non content de se taper l’un des printemps les plus infects de l’histoire, tout semble réuni pour qu’on s’envoie un nouveau Roland Garros cauchemardesque...

Mon enthousiasme après la splendide victoire de Stan est passé. Aujourd’hui ne subsistent que la frustration et le dégoût pour l
édition 2019 de ce tournoi d’immenses trous du cul. Frustration de voir que Musclor, comme attendu, a de nouveau réussi son entreprise de destruction face au Rodg, finissant par le dégoûter et lui affligeant une sixième défaite en autant de rencontres dans son jardin, pardon, dans son ring de boxe. Pourtant, le Maître ne semblait pas si loin lors des deux premières manches, mais voilà, comme toujours à Paris, le taureau des Baléares a mieux géré les points importants. Ne soyons toutefois pas dupes, le Bâlois aurait pu jouer son meilleur tennis cet après-midi qu’il aurait finalement perdu contre ce Popeye-là. Hulk est tout simplement trop fort sur cette surface, il a solution à tout et, même s'il avait perdu le deuxième set, il n'aurait rien lâché et fini par bouffer son meilleur ennemi. Le Maître ne le battra jamais à la Porte d’Auteuil et on vivra ma foi avec.

Dégoût de constater que le Philippe Chatrier était de nouveau aux trois quarts vide lors du début
du choc de l’année, du duel des légendes Federer Nadal. Ces Français, ces Parisiens sont décidément trop cons, trop peu intéressés par le tennis et si peu respectueux de la chance qu’ils ont d’accueillir un tournoi du Grand Chelem. Des millions de fans de la petite balle jaune se seraient battus pour assister à ce Clásico entre les deux plus grands tennismen de tous les temps. Un match pareil à Melbourne, Londres ou New York aurait eu droit à un stade comble dès l’échauffement. Au lieu de ça, les deux monstres sacrés du tennis ont débuté leur demi-finale dans une indifférence quasi générale, ces connards préférant finir leurs petits fours et leur coupe de champagne, se réchauffer sous leur tente VIP ou faire du shopping dans les allées du tournoi. C’est honteux, abject, à vomir.

Et je ne parle même pas de cette image choquante du Central lorsque Djokovic et Thiem ont disputé leurs deux premiers sets... Franchement, il y avait même plus de monde lors d’un premier tour féminin un lundi matin ! Triste Roland Garros, triste France, trop gâtée, trop pourrie. Ce pays ne mérite pas d’avoir un tournoi du Grand Chelem. Ce pays mérite juste les gilets jaunes, les grèves, Cyril Hanouna, Raymond Domenech, Yann Moix, Franck Ribéry, Marine Le Pen, Eric Zemmour, le PSG en Champions League, Les Anges de la téléréalité, les bagarres entre Booba et Kaaris
dans les aéroports. Bref, ce pays mériterait tout juste d’accueillir un ATP 500, alors qu’il héberge un Majeur et deux Masters 1000, si l’on considère que Monte-Carlo est un peu en France...
 
Voilà les gars, je suis énervé, j
’ai la rage, je suis derrière mon PC et je fume des clopes pour me calmer. Je n’ai même plus envie de suivre cette fin de tournoi mais je vais quand même le faire, évidemment. Parce que je suis consultant sur la RTS, parce que j’aime ce sport et parce que je me dois de te faire un dernier commentaire – probablement très aigre – sur ce tournoi de plus en plus grotesque.

Je n’ai plus qu’un espoir aujourd’hui : que Thiem – finalement plus charismatique et surtout plus «utile» qu’un verre de lait – batte le coton-tige avant, ô miracle, ô cierges, ô prières divines, de répéter l’exploit face à Terminator... C
’est impossible, je sais, alors autant aller me coucher et penser à autre chose qu’au tennis. Bonne nuit les amis et un gros, très gros doigt d’honneur à (quasiment) tout le public parisien.

4.6.19

Première érection (depuis longtemps...) à Roland !


Au contraire des dernières années, où l’on s’est fait autant chier qu’au baptême de ton neveu de deux ans et demi, il y a du spectacle et des émotions à la Porte d’Auteuil. Et, sans vouloir jouer à l’éternel patriote, on ne peut que remercier nos deux Suisses, nos deux légendes vivantes... Alors que Rodgeur remplit les stades, excite les médias et fait le bonheur des magazines – sportifs ou pas – de l’Hexagone, Stan se rappelle au bon souvenir de l’époque où le tout Paris l’appelait le bison. Le gamin a ainsi livré l’une de ses plus belles rencontres en Grand Chelem, ni plus ni moins, un match complètement dingue, un combat de cinq heures et neuf minutes digne de la Remontada de Xamax à Aarau, à la hauteur de ses deux duels homériques contre Djokobite à Melbourne, un truc de ouf, un monument, un orgasme tennistique, bref, une immense érection !

Une victoire de référence face à un joueur en pleine bourre, le si talentueux et si agaçant Stefanos Tsitsipas, l’homme qui possède une tête de surfeur californien couplé au caractère d’une pédale capricieuse de Thessalonique. Oui, ce mec est bourré de qualités, est certainement très sympa mais voilà, je ne le supporte pas. Je ne peux pas le voir comme je ne peux pas voir les Grecs en général. Je ne sais pas pourquoi, mais je déteste ces mecs. C’est comme ça, c’est inné chez moi, je n’aime rien chez eux : ni leur bouffe, ni leurs philosophes, ni leur langue, ni leur capitale Athènes, ni leur Josef Zisyadis, ni leur hold-up infect a l’Euro 2004. Bref, ce n’est pas Tsitsipas et son clan d’immenses bobets qui vont me réconcilier avec ce pays.

Mais bon, que j’abhorre le pays du plus gros taux de chômage d’Europe, on s’en fout complètement. On est ici pour parler de ce match, le plus beau de cette année, et on est évidemment heureux que Stan soit encore le joueur qui nous offre de telles émotions. Sa rage, sa joie, son excitation, son bonheur d’être là, encore en vie et encore capable d’un exploit XXL, resteront comme l’une des plus belles images de cette première partie de la saison, surtout quand on sait d’où il revient. Je ne sais pas comment il a fait pour gagner ce match et surtout ce cinquième set, comment il a fait pour sauver toutes ces balles de break, mais on n’est pas là pour comprendre, alors un grand bravo Stan, ne lâche rien et que le meilleur gagne cet après-midi !

Le reste, lui, vaut quand même des ronds avec des quarts de finale qui ont de la gueule. Que ce soit le Djokovic – Zverev, le Thiem – Khachanov, le Nadal – Nishikori et bien sûr le derby helvétique, chaque affiche a quelque chose de sexy, même si on sait très bien que le coton-tige, la Momie et l’Autrichien au charisme d’un verre de lait vont se qualifier, sans trop de problème même. Le duel entre les vainqueurs de la Coupe Davis 2014 reste donc le plus ouvert, et on espère pouvoir assister à un gros combat entre ces deux champions, ce qui n’est pas leur spécialité en Majeur ou même ailleurs... Réponse dans quelques heures sur un Suzanne Lenglen qui ne demande qu’à rêver, comme en ce dimanche de grâce pour Stan Wawrinka, Neuchâtel Xamax et Stéphane Henchoz, l’entraîneur le plus hype de Super League.

Allez les amis, merci pour vos commentaires et puisse cette deuxième semaine nous réconcilier avec la terre battue, même si on imagine déjà le pire des scénarios pour dimanche, soit une douzième victoire du tennisman le plus toqué et le moins gracieux de l’histoire, le taureau que tout Roland Garros espère voir perdre en demi contre l’un des deux chouchous du public... Et au passage, merci à L’Equipe pour cette une d’anthologie !