Overdose
Overdose : prise, accidentelle ou non, d’un produit quelconque en quantité supérieure à la dose limite supportable par l’organisme, ce qui peut provoquer des symptômes divers pouvant aller, dans les cas extrêmes, jusqu’à la mort du sujet. La mort du sujet, c’est celle de Roland Garros qui est devenu, au fil des années et malgré quelques rares exceptions, un tournoi sans le moindre intérêt, sauf celui de savoir qui va se faire défoncer par l’ogre de Manacor en finale. Soyons honnêtes, des douze finales remportées par Rambo, y en a-t-il une, j’ai bien dit une, que tu as pris du plaisir à suivre ? Une finale haletante, pleine de suspense et d’émotions ? Pas besoin de réfléchir longtemps, il n’y en a aucune.
Parce que le schéma de ces rencontres est connu, archi-connu, comme avant un match à élimination directe de la Nati : tu es plein d’espoir au départ, tu te dis que ça va enfin le faire mais tu finis à chaque fois la queue entre les jambes. Brecouille et dégoûté, comme un invité VIP qui doit se farcir un Federer – Nadal dans sa loge alors qu’il était tellement bien à boire du Laurent Perrier rosé et à bouffer des sushis sous sa tente Louis Vuitton… La finale de dimanche n’a pas dérogé à la règle. Dominic Thiem a démarré fort avant de sombrer petit à petit, tant physiquement que mentalement, face au travail de sape du meilleur joueur de l’histoire sur brique pilée. Qu’on le veuille ou non, l’écart était énorme entre la Momie et l’Autrichien, l’un des meilleurs représentants de cette NextGen dont le premier titre en Majeur se fait désespérément attendre.
Après, certains argueront que Nadal a été favorisé par la programmation, lui qui a pu tranquillement finir son match vendredi alors que Thiem a dû batailler sur deux jours, dont près de deux heures samedi, pour venir à bout du coton-tige dans une demi-finale de haut vol. Un problème, au passage, qu’il n’y aura plus en 2020 à Paris, vu que les organisateurs auront finalement réussi, 32 ans (!) après Melbourne, à construire un toit sur leur putain de stade. Bref, c’est vrai que Musclor est arrivé plus frais et reposé en finale. Mais il faut reconnaître aussi que ce Rambo-là fut impressionnant, n’hésitant pas à monter au filet, se montrant sans cesse agressif et qu’il semble, année après année, toujours plus fort, toujours plus complet. Plus fort que jamais.
Voilà les amis, comme chaque année ou presque, on est bien content que cette saison sur terre battue se termine et que ce tournoi de Roland Garros, au palmarès aussi original que la notice d’emballage d’un Dafalgan, soit derrière. On saluera quand même le beau parcours de nos deux Suisses et on se souviendra encore longtemps de ce somptueux Wawrinka – Tsitsipas, LE match de l’année. Et bravo à Rafael Nadal pour ce douzième sacre, ce douzième massacre. Un taureau des Baléares qui, lorsqu’il gagnera son 17ème Roland Garros à l’âge de 38 ans, n’aura plus un cheveu sur le caillou… On sera alors en 2024, Federer jouera peut-être encore au tennis, la brillante Marion Bartoli sera devenue ministre des sports, Guy Forget aura un melon aussi grand que la dette des JO de Paris, la Nati n’aura toujours pas gagné un match à élimination directe et le tennis français sera toujours aussi pitoyable, sur et en dehors des courts. Bref, je me réjouis de rentrer à Genève.