18.9.18

Pour les émotions, on repassera…

J’étais parti pour écrire un post dithyrambique sur Djokobite, l’encensant pour son retour en grâce et son été stratosphérique, marqué par deux sacres en Majeur et un Masters 1000 à Cincinnati. Mais voilà, le cœur n’y est plus et les deux fans du coton-tige qui lisent ce blog me pardonneront. Aujourd’hui, plus d’une semaine après cette finale que j’ai suivi avec autant d’intérêt que la sortie du programme du Paléo, j’ai plutôt envie de regretter cette édition nullissime de l’US Open, une de plus après celle de 2017 – surnommée l’Abattoir Open – qui avait consacré l’imposteur Nadal.

Franchement, à part le magnifique Popeye – Thiem en quart de finale, les émotions ont été aussi nombreuses que les bonnes idées dans le cerveau de Gérard Piqué. Bref, on s’est fait chier et, que ce soit les demis ou la finale, les derniers matches ont tous accouché de souris, voire d’infects cafards. On attendait beaucoup du choc entre Del Potro et Djokovic, il n’a finalement jamais décollé, malgré l’excitation qui régnait dans ce court Arthur Ashe et la patate des supporters argentins, en particulier les potes de la poutre de Tandil (tcheu ces débiles !). Et ce n’est pas la finale dames, symbolisée par le comportement grotesque et honteux de Serena Williams, qui a su sauver cette édition pourrie.  

On retiendra quand même que le défenseur du siècle, au jeu aussi chiant qu’une conférence de presse de l’ASF, est bel et bien de retour, fort comme un roc et froid comme un auditeur. Oubliée l’annus horribilis 2017, le monstre Novak Djokovic a remis, l’espace d’un été, les pendules à l’heure et tout le monde d’accord, à commencer par Rodgeur et Rambo. Comme un symbole, il rejoint un certain Pete Sampras dans les livres d’histoire avec cette quatorzième couronne en Grand Chelem et, c’est une certitude, il ne va pas en rester là. Il est encore trop tôt pour savoir s’il sera en mesure d’aller chatouiller le record du Maître, mais nul doute que s’il continue sur cette lancée, il pourrait signer une grande année 2019 et retrouver rapidement sa place sur le trône.


Bref, autant dire que cette fin de saison est, pour l’instant, inversement excitante que le début d’année. Gageons que la saison indoor pourra nous offrir quelques émotions et un regain de forme du roi Rodgeur (il y a du boulot…) tandis qu’on suivra attentivement la dernière finale de la grande histoire de la Coupe Davis en novembre. Ça sera donc France – Croatie à Lille – une finale à la mode cette année – et, cette fois, je ne suis pas sûr que la chatte à Noah, qui n’a d’égal que la chatte à Dédé, suffise à faire gagner les Bleus. 

Autre affiche à la mode cette année : Suisse – Suède, avec un cinglant 3-0 pour les grands dadais aux cheveux blonds, respectivement en finale des mondiaux de hockey, en huitième de finale de la Coupe du Monde et en barrage de la Coupe Davis. T’imagines la gueule de notre année si le score avait été l’inverse ? Enfin bref, il y a des années comme ça, où tes voisins français sont champions du monde, où la Nati fête ses buts en mimant des aigles, où Federer perd en Grand Chelem contre Anderson et Millman, où l’on décide d’assassiner une compétition centenaire et où le club de mon coeur engage Alain Geiger comme entraîneur. Allez ciao, je vais aller fumer une bonne clope pour me détendre.

4.9.18

Rodgeur n’est plus un tueur…

Le constat est peut-être sévère avec le plus grand joueur de tous les temps. Mais voilà, comme l’a relevé le fidèle Patrick de Montmollin dans les commentaires, depuis cette mortifiante défaite en finale d’Indian Wells contre Del Potro en mars, là où le Maître avait galvaudé deux balles de tournoi sur son service, notre Rodgeur national semble avoir perdu un peu de niaque, de rage et cet instinct de tueur. Un instinct de tueur si essentiel en tennis, qui fait toute la différence dans les grands matches.  

Depuis cette immense frustration dans le désert californien, force est de constater que l’homme aux 20 Majeurs a laissé filer des parties qu’il n’aurait jamais perdu à l’époque, ou même en 2017 : ce deuxième tour contre Kokkinakis à Key Biscayne, cette finale à Halle contre Coric, ce quart contre Anderson à Wimbledon et, depuis cette nuit, ce huitième contre Millman à l’US Open. Autant de rencontres lors desquelles il a vendangé des occasions énormes, des balles de set ou, pire, des balles de match. Rodgeur nous avait habitué à être un tueur, à être capable de gagner même dans un jour sans. Il n’y arrive plus aujourd’hui.

La défaite de lundi soir contre l’improbable Australien est donc le condensé parfait de ce sentiment. Le numéro 2 mondial tenait son os et, même sans être brillant, se dirigeait vers une qualification aisée. Mais on ne sait comment, à l’image de ce Black Wednesday de juillet à Londres, il a réussi à se fourvoyer tout seul, galvaudant deux balles de set dans la deuxième manche et une autre dans la troisième, avant de craquer complètement dans le quatrième set, où le corps et la tête n’y étaient plus. L’extrême humidité l’a dérangé, a-t-il également confié. 

La déception est donc gigantesque et, comme une sale habitude à Flushing Meadows depuis dix ans (!), le Bâlois quitte le tournoi sans trophée sous le bras et avec un terrible goût d’inachevé. On ne va pas non plus se mettre à chialer car, soyons honnêtes, ce quart de finale contre un Novak Djokovic en pleine bourre sentait aussi mauvais qu’un match à élimination directe de l’équipe suisse de football. Ce revers nous prive toutefois d’un Federer – Djokovic en Grand Chelem, ce qui aurait été
clairement un événement ici à New York. 

Voilà les amis, le seul intérêt de cet US Open 2018 est désormais de savoir si Musclor glanera ou pas sa 18ème couronne en Grand Chelem. Thiem, Del Potro et éventuellement Djokovic en finale semblent avoir les armes pour l’en empêcher, surtout que le taureau des Baléares a montré quelques signes de fatigue lors de ses deux derniers tours. Voilà donc ce qu’il nous reste à suivre comme maigre consolation. Tous contre Rambo, tel est le mot d’ordre de cette deuxième semaine qui pourrait quand même accoucher de quelques gros duels.