27.6.18

La semaine croate

Je dois quand même t’avouer qu’après le torrent d’émotions et d’euphorie suscité par la fantastique victoire de l’équipe de Suisse vendredi soir, il ne fut pas facile pour moi de me passionner pour ce crouille ATP 500 de Halle, Federer ou pas. Un tournoi que le Maître n’a donc pas gagné, une fois n’est pas coutume. Cette défaite n’est malheureusement pas sans conséquence et la légende ne sera pas parfaite : Rodgeur laisse la place de numéro 1 mondial à Musclor et ne pourra pas soulever à Londres le centième titre de sa carrière. C’eût été tellement beau…

Les regrets sont donc bien présents aujourd’hui, d’autant plus que le Bâlois aurait pu remporter cette finale en deux sets et peut ruminer les occasions gâchées lors de la première manche, notamment cette balle de break à 4-3 et, bien sûr, ces deux balles de set dans le tie-break. L’homme aux vingt Majeurs a semblé cuit lors de la troisième manche que le prometteur Coric a raflé haut la main. Il faut croire que rien ne pouvait résister aux Croates la semaine dernière, puisque Cilic a gagné le tournoi du Queen’s tandis que leur équipe nationale de football a atomisé l’Argentine jeudi soir… Pensées à mon pote Goran Ivanisevic qui doit être sur son petit nuage en ce moment !

Ainsi donc, la semaine de repos entre Halle et le début de Wimbledon ne sera vraiment pas de trop pour notre Rodgeur national, lui qui avait d’ailleurs failli passer à la trappe lors de son premier tour contre Benoît Paire et qui a semblé très loin de son meilleur niveau, tant tennistiquement que physiquement. Voire même mentalement. Enchaîner Stuttgart et Halle pour Rodgeur et ses 36 printemps, c’est comme s’envoyer le Montreux Jazz Festival et le Paléo direct après : t’es content d’y être, tu donnes tout sur le moment mais tu finis quand même sur les rotules ! 

Quant au commentaire de l’excellent Thierry Fangio, mes deux réponses sont les suivantes, même si je ne suis pas dans le secret des dieux : non, Rodgeur ne prendra pas sa retraite après Wimbledon ; et non bis, je ne pense pas qu’il se soit fâché avec la marque à la virgule, mais voilà, son contrat arrivait à échéance et son agent Tony Godsick – qui aime autant l’argent que Michel Platini, Sepp Blatter et Pascal Broulis réunis – a sauté sur l’occasion pour négocier un contrat record avec Uniqlo.

Allez les amis, vivement le début de Wimbledon avec un Rodgeur au taquet et d’ici là, puisse Unser Nati continuer à nous faire rêver ! Hop Suisse.

19.6.18

A toi, à moi

Voilà les amis, notre Rodgeur national est de retour sur le trône après sa victoire à l’Open Mercedes, pardon, au tournoi de Stuttgart. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’homme aux 20 Majeurs n’a pas eu la tâche facile dans cet ATP 250 avec une demi-finale très disputée face à Nick Kyrgios avant une finale face au bombardier Raonic. Deux pièges que le Bâlois a parfaitement géré pour s’offrir le… 98ème titre de sa carrière ! Le rêve se prolonge, la légende continue...

Ainsi donc, le jeu des chaises musicales continue entre le Maître et le Bulldozer avec une nouvelle passation de pouvoir cette saison, la cinquième – déjà ! – depuis le début de l’année. Federer après Rotterdam, Nadal après Miami, Federer après Madrid, Nadal après Rome et Federer après Stuttgart : à toi, à moi, comme deux potes qui se passent la clé de leur Ferrari ou de leur chalet à Verbier !

Non contents de se partager à tour de rôle cette place de numéro 1 mondial, les deux légendes ultimes du tennis se renvoient également la balle au niveau des titres en Grand Chelem, avec trois Majeurs de chaque côté depuis janvier 2017. Comme je l’ai déjà écrit, on est revenu dix ans en arrière et ce n’est évidemment pas pour nous déplaire, même si la concurrence fait aussi peine à voir que Neymar dimanche soir ou que l’équipe d’Arabie Saoudite, laquelle a préparé sa Coupe du Monde en plein ramadan. Débarquer à un Mondial après un mois de ramadan, c’est comme si Guy Parmelin décidait de traverser le Lac Léman à la nage après trois semaines à la Fête des Vignerons ! 

Bref, en tant qu’amoureux de belles confrontations et de suspense, on ne serait pas contre un retour en forme du reste de la meute. Force est de constater que depuis ce stratosphérique et désormais cultissime Federer – Nadal à Melbourne en 2017, peu de matches sont sortis du lot, notamment les finales de Grand Chelem qui furent aussi serrées qu’une élection présidentielle en Chine ou en Corée du Nord, Federer – Cilic mis à part. On suivra donc avec attention les pérégrinations des Wawrinka, Djokovic et autre Murray au tournoi du Queen
s, dont on espère sincèrement un regain de forme.

La Coupe du Monde bat son plein, l’équipe de Suisse passionne les foules mais ne vous inquiétez pas les potes, je ne vais rien rater de cette saison sur gazon et me réjouis de vous raconter tout ça ! 

12.6.18

Onze films d’horreur


…ou onze grosses merdes ! Onze dimanches à voir une Momie dégoulinante et pleine de tocs s’allonger sur le Philippe Chatrier. Onze finales à sens unique où, de Puerta à Thiem en passant par Federer, Djokovic ou Wawrinka, tous se sont brisé les dents contre le taureau des Baléares. Onze discours à la con, onze croquages de coupe, onze fois où l’on aurait mieux fait d’aller à la plage, aux champignons ou chez sa belle-mère plutôt que d’assister à ce massacre. Onze fois où l’on s’est dit «enfin, la saison sur terre battue est terminée». Onze purges, onze chieries, onze pensums, onze daubes, onze Tamedia, onze Sergio Ramos, onze Suisse Ukraine. Onze putains de dimanches de merde.

Comme prévu, Rafael Nadal a donc soulevé sa onzième Coupe des Mousquetaires dans le ciel de Paris dimanche après-midi. J’avais écrit dans mon dernier post que Terminator allait remporter la finale 6-2 6-0 6-1, Thiem a réussi l’exploit de lui chiper six jeux de plus et de perdre presque «honorablement» 6-4 6-3 6-2. C’est toujours moins pire que notre Stan national, lequel avait ramassé 6-2 6-3 6-1 au même stade de la compétition en 2017. Bref, Musclor est simplement trop fort, trop solide, trop complet, trop tout. Trop chiant, aussi. Au revoir, merci et à l’année prochaine pour la Duodécima.

A ce rythme-là, il est fort probable qu’il gagne douze, treize, quatorze, quinze Roland Garros, voire plus… La Bête semble affûtée et affamée comme jamais, motivée comme lors de ses premières années et complètement, mais alors complètement injouable. Le malentendu que j’espérais tant n’a pas eu lieu et même si Schwartzman a réussi à lui piquer un set et Del Potro à le bousculer lors de la première manche, le Monstre n’a jamais tremblé dans un court central aux allures d’abattoir. Comme un boucher qui exécute ses proies les unes après les autres, comme un éditeur zurichois qui liquide un quotidien romand sans le moindre sentiment. 

A trop dominer son sport sur terre battue, Popeye ne rend évidemment pas service au tennis en général et à Roland Garros en particulier. Ce n’est bien sûr pas de sa faute si «l’adversité» est à ce point ridicule, mais force est de constater que ce tournoi n’offre désormais plus aucun suspense, sauf celui de savoir qui se fera démolir par l’ogre de Manacor en finale. Il y a certes eu quelques beaux combats en première semaine, un magnifique Djokovic – Cecchinato sur le court Suzanne-Lenglen mais autrement, tout est à jeter dans cette quinzaine aussi réussie que la candidature de Sion 2026.

A défaut d’émotions, on gardera trois chiffres de cette édition 2018 : 264, comme le classement de Wawrinka au lendemain du tournoi ; onze comme le nombre – forcément record – de Roland Garros remporté par Hulk ; et surtout dix-sept comme celui de titres en Grand Chelem au compteur de Brutus, qui se rapproche ainsi du Maître et lui met un petit coup de pression avant Wimbledon. Allez les amis, merci pour vos commentaires et votre fidélité, on se réjouit de retrouver notre bon vieux gazon et notre Rodgeur national. Putain comme on est heureux de passer à autre chose !