Même si Rafael Nadal a survolé les première et quatrième manches, force est de constater que cette finale s’est peut-être joué en l’espace d’un jeu, le neuvième du troisième set. Agressif et inspiré, Novak Djokovic mène alors 40-0 sur le service de la Momie et se voit donc offrir 3 balles de break, pour ne pas dire 3 balles de set. On le voit, on le sent : Rafa est mal, au bord du précipice. Et c’est là que le match va définitivement basculer du côté du Majorquin… Popeye sauve avec brio ces trois opportunités, fait son traditionnel show de taureau hystérique et… assomme pour de bon le coton-tige. Ce dernier ne s’en remettra jamais, craquant ensuite dans tous les domaines – mental, tactique, physique – et perdant sept des huit jeux suivants. Impitoyable !
Bref, inutile de dire que cette finale s’est jouée dans cette troisième manche, après deux premiers sets moins serrés. Le Serbe a clairement raté le coche en manquant tout d’abord des occasions de double break avant ce fameux neuvième jeu, où Big Apple lui est tombé sur la tête et où, au lieu de prendre une autoroute à 4 voies jusqu’à la victoire, il a dû finalement se résoudre à prendre un petit chemin boueux en forêt, sans issue, si ce n’est un piège à loups tendu par un tueur à gages de Manacor…
En tout cas le numéro 1 mondial (pour plus très longtemps...) peut s’en vouloir et regretter ces trois occasions en or, comme il doit encore ruminer sa défaite en demi-finale de Roland Garros où la victoire lui tendait les bras. Las, les deux fois, il est tombé sur un Rafael Nadal des grands jours, magnifique de volonté, qui a repris sa domination sur son ex-bête noire. Qu’elle semble loin cette année 2011 où Djokovic avait à chaque fois battu son rival espagnol en finale, le dégoûtant même à plusieurs reprises…
Le vrai patron aujourd’hui, le seul et unique, c’est désormais l’homme qui a autant de tocs que Monk et Columbo réunis. Son bilan depuis son come-back en février donne le vertige : 10 titres à son compteur dont 2 Majeurs, 60 victoires pour 3 défaites et une série toujours en cours de 22 succès consécutifs sur dur ! Du lourd, du très lourd… Avec 13 titres en Grand Chelem, l’Espagnol n’est plus qu’à une unité de Pete Sampras et continue de se rapprocher (très) dangereusement de Roger Federer, dont l’annus horribilis s’est prolongée hier soir… Rafa battra-t-il un jour le record du Maître ? J’ai malheureusement bien peur que oui : à «seulement» 27 ans et si son physique tient le coup, il s’apprête encore à vivre 3 à 4 années au sommet du tennis mondial, bref, les calculs sont vite faits…
Voilà, la dernière levée du Grand Chelem restera surtout dans nos têtes grâce au formidable parcours de Stan The Man. On y retiendra également quelques coups magiques de cette finale, dont cet échange stratosphérique de 55 coups. 55 frappes, soit 1 minutes et 15 secondes à s’envoyer des pains de tous les côtés et à hurler comme des mules ! Un truc de malade que seuls ces deux extraterrestres peuvent nous offrir. Eux, s’ils étaient musiciens, ce ne serait pas des joueurs de flûtes ou de piano, mais bien des gros bassistes tatoués sur les deux biceps… A mort le romantisme, vive le gros metal bien crasseux !
Allez les gars, les filles aussi, le tennis continue dès ce week-end à Neuchâtel où la Suisse – sans Sa Majesté Federer bien sûr, trop occupé à pouponner ses jumelles et son compte en banque – reçoit l’Équateur pour un match de barrage à gagner à tout prix. Une fois de plus, c’est le gamin qui va défendre les couleurs du pays, qu’il en soit remercié.