3.2.20

Djokovic, évidemment (et malheureusement)

Dominic Thiem ne l'a pas fait. A l'instar de Murray quatre fois (!), Nadal deux fois et Tsonga une fois (oui, il fut une époque très lointaine où les tennisman français disputaient des finales de Grand Chelem), l'Autrichien s'est torché au dernier stade de l'Open d'Australie face à la solidité, à l'expérience et à la roublardise, pour ne pas dire la malhonnêteté, du coton-tige. Ce dernier soulève donc son huitième trophée à Melbourne et personne, à part les Serbes et quelques frappadingues tels que Boris Becker ou Radek Stepanek, ne va s'en réjouir. 

Qu'a-t-il manqué au tombeur de Rafael Nadal pour remporter ce duel bizarroïde et globalement décevant ? Un peu, voire beaucoup, de fraîcheur et cet instinct de tueur si précieux dans les grands événements. Oui, le natif de Wiener Neustadt, une ville qui doit donner autant de rêve que Moudon et Le Locle réunis, a semblé légèrement cramé à partir du milieu du quatrième set. Pour preuve ce break bêtement concédé à 4-3, durant lequel l'Autrichien a merdé une volée facile, envoyé un coup droit au milieu du filet et commis une vilaine double faute. Ou comment baisser son froc pour se faire... ok, on s'est compris. En gros, Thiem n'aurait jamais dû perdre la dernière finale du Masters et il aurait pu gagner celle de l'Open d'Australie. Attention Dominic, si tu prends encore une branlée en juin prochain contre Rambo à la Porte d'Auteuil, tu pourras bientôt faire partie des grands losers de ce sport. 

Le pire dans tout ça, c'est que ce Djokobite-là semblait prenable. Comme à son habitude, il n'a rien fait de fou et s'est souvent contenté de renvoyer la balle en attendant une erreur adverse. Mais voilà, face à un Thiem qui commençait à avoir les jambes lourdes après ses énormes matches face à Nadal et Zverev, sans oublier le jour de récupération en moins, le sosie de Joe Dalton a fini par passer. A l'usure, à la retirette, sans panache ni brio. Un succès à l'image de sa tenue : vieillotte, verte et moche. Ça doit quand même être frustrant d’avoir 17 trophées du Grand Chelem sur la cheminée et d’être habillé par la marque la plus has-been du circuit.

Bref, Djokonaze fut fidèle à lui-même. Fidèle à son triste jeu et fidèle à sa triste réputation. Tu l'attendais, je vais évidemment réagir sur les deux incidents qui ont émaillé cette finale. Le premier, lorsque l'homme qui a bousillé notre été 2015 s'est permis de toucher l'arbitre alors qu'il venait d'être sanctionné par deux fois pour dépassement de temps. Le second, lorsque l'homme qui a bousillé notre été 2019 (mais alors puissance mille) a demandé un temps mort médical dans le troisième set, juste comme ça, juste pour dérégler son adversaire, juste pour faire chier. 

C'est affligeant, pathétique, grotesque. C’est tout sauf fair-play. Et surtout, a-t-il vraiment besoin de ça pour gagner ? Après, cet esbroufe de champion s’étonne d'être mal-aimé et d'avoir toujours, j'ai bien dit toujours, le public contre lui. C’est pourtant pas compliqué de comprendre ce désamour mondial, ce froid mépris. C'est simple : Djokovic pourrait jouer contre un Palestinien à Tel Aviv ou contre Tiafoe au siège du Ku Klux Klan qu'il réussirait à avoir la foule contre lui. Parce que c’est un faux, ce Djoko. Un faux sympa, un faux cool, un faux cul. 

Ce match aurait pu marquer un vrai tournant dans l’histoire de notre sport, avec ce premier grand sacre du plus «vieux» représentant de cette NextGen qui, du haut de ses 26 ans, aurait pu envoyer un signal fort aux trois dinosaures. Il n’en sera finalement rien. Les patrons restent en place et, même chahuté, même mené deux manches à une avec un public contre lui, Djokoboss est capable de trouver des solutions et de conclure par deux derniers sets assez secs, sur sa première balle de match, sans trembler. Les citadelles de Melbourne, Paris, Londres et New York restent imprenables, sauf rares exceptions en cas de blessure ou coup de pompe des trois ogres.

Voilà les gars, une dernière statistique bien dégueulasse pour conclure ce post : depuis le vingtième sacre de Federer à Melbourne en 2018, Popeye et Djokobite se sont partagés les huit dernières levées du Grand Chelem, soit trois pour l'Espagnol et cinq pour le Serbe. Je sais, ça fait très mal, surtout quand on sait que Rodgeur aurait pu briser cette série en ce funeste 14 juillet 2019. Les temps sont très durs pour les fans du Maître ; les temps sont également durs pour cette NextGen – si prometteuse mais encore un peu légère dans les finales en cinq manches – qui, selon moi, va traverser cette année 2020 sans titre majeur. Tu paries ?

Allez, merci à tous pour vos nombreux excellents commentaires que j'ai lu un par un, clope par clope. Pour répondre à vos questions :
- je me branle du tennis féminin, mais bravo quand même à Sofia Kenin pour son titre et à Belinda pour son entrée dans le Top 5 en ayant gagné six titres mineurs (cherchez l'erreur)
- mon pote Goran Ivanisevic dans le box de Djokovic ? Il doit bien payer son goût prononcé pour la «vie». 

Bref, vous êtes forts comme des Jurassiens, à très vite pour de nouvelles aventures !