8.8.21

40 !

Cher Roger, cher Ami, cher Dieu, 

Aujourd’hui, tu fêtes tes 40 ans et franchis cette barre symbolique de la quarantaine. Un si bel âge et une étape si importante dans la vie d’un homme et d’un sportif. 

Afin de marquer le coup sur ce blog que je tiens depuis août 2006, j’ai eu l’idée de lister les dix plus belles victoires de ta somptueuse carrière. Un choix évidemment subjectif, influencé par mes émotions sur le moment, que je sois présent dans le stade ou devant ma télé. 

De très grands moments de bonheur que je t’invite à revisiter avec moi, ami lecteur. On démarre par le dixième et on finit par l'Apothéose avec un grand A :

10. Federer – Philippoussis 7-6 6-2 7-6
6 juillet 2003, Wimbledon – finale

Comme ta première fois au pieu, là tu es venu en moins de 30 secondes, ce premier Majeur tient forcément une place à part dans la carrière du plus grand joueur de tous les temps. Je classe ce match «seulement» dixième car les neuf victoires qui suivent me semblent encore plus marquantes que ce premier des vingt Grands Chelem du Maître. A 21 ans, le Bâlois confirme les énomres attentes placées en lui depuis son adolescence. Les images du Suisse à genoux sur le Centre Court sont éternelles. Le début d'une grande aventure et d'une folle histoire d'amour entre Rodgeur et tous ses fans, tout son pays.

9. Federer – Del Potro 3-6 7-6 19-17
3 août 2012, Jeux Olympiques – demi-finale

Une demi-finale de tous les superlatifs dans l’enceinte magique de Church Road. Les deux joueurs vont livrer un combat épique de 4h26, le plus long match de l’histoire du tennis en deux sets gagnants. 4h26 de coups de martiens, de renversements de situation, de tension et d’excitation. Un thriller qui aurait fait retourner Alfred Hitchcock dans sa tombe, et une médaille d'argent à la clé. Un truc de fou que seul Roger Federer peut nous concocter.

8. Federer – Agassi 6-3 2-6 7-6 6-1
11 septembre 2005, US Open – finale  

Deux monstres. Deux rock stars. Deux idoles. Le passé, le présent et le futur du tennis. Le plus grand stade du monde. Une date ô combien symbolique. A l’image du Federer – Sampras de 2001, ce duel entre gentlemen marque une passation de pouvoir dans la grande histoire de la petite balle jaune. Deux mythes qui auront profondément marqué et inspiré leur génération. J'avais dégusté ce match comme un vieux Bordeaux qu'on savoure devant un feu de cheminée un soir de neige dans un chalet de luxe.

7. Federer  – Soderling 6-1 7-6 6-4
7 juin 2009, Roland Garros – finale 

L’hymne suisse à la Porte d’Auteuil. Les larmes du Rodgeur. Mes larmes dans ma cabine de commentateur. Le bonheur d’un public complètement épris du Maître. En ce dimanche de grâce, Roger Federer vainc enfin la malédiction et s’offre le dernier Majeur qui manque à sa collection. Si cette finale s’apparente à un chemin tranquille, son parcours jusqu’en finale est aussi fou que chaotique. Il réalise un petit miracle en huitième contre Tommy Haas où il est mené deux sets à zéro et 4-3, balle de break , élimine Gaël Monfils en quart dans un Philippe Chatrier à 99% pour lui (!) avant de retourner une demi-finale mal embarquée contre Juan Martin Del Porto. Le reste n’est que magie et étoiles dans les yeux.

6. Federer – Gasquet 6-4 6-2 6-2
23 novembre 2014, Coupe Davis – finale 

Le scénario de ce match n’est évidemment pas le plus fou puisqu’il s’agit d’un véritable monologue du Maître face à un Gasquet à l'image de l'équipe de France et de l'idiot en chef Tsonga : pathétique. Mais il s’agit du plus beau titre en sport collectif de la Suisse, une véritable consécration pour tous les amoureux du tennis helvétique et de cette compétition centenaire. Federer, bien aidé par un Wawrinka en feu durant tout le week-end, offre le Saladier d’Argent à son pays devant un «kop» helvétique impressionnant et des spectateurs français en admiration. Et la Ballade des gens heureux devient notre hymne officiel.

5. Federer – Roddick 5-7 7-6 7-6 3-6 16-14
5 juillet 2009, Wimbledon – finale

Le score est plus parlant qu’un long discours. Ce jour-là, Roger Federer devient le plus grand joueur de tous les temps en s’offrant une quinzième couronne en Grand Chelem, dépassant ainsi son idole Pete Sampras. Cette finale est un thriller où Andy Roddick est souvent supérieur, et où l’Américain rate notamment une volée «facile» sur une balle de set dans le tie-break de la deuxième manche, qu’il menait 6-2... Le Suisse revient un peu de nulle part et s’offre son sixième Wimbeldon sur son seul break du match, à 15-14 ! Légendaire.

4. Federer – Djokovic 7-6 6-3 3-6 7-6
3 juin 2011, Roland Garros – demi-finale 

Un monument que la rédaction d’Eurosport, dont les journalistes sont brillants, a classé comme le quatrième plus grand match de l’histoire du tournoi. Ça a le mérite d’être clair. «Un chef d’œuvre de tennis ping-pong sur terre battue, pratiqué par deux maîtres du dur.» Le plus grand match de sa carrière sur terre battue. Ce vendredi-là, sous le ciel menaçant de Paris, le Maître inflige au coton-tige sa première défaite de la saison et l’empêche de battre le record de John McEnroe (42 victoires consécutives). Deux jours plus tard, le Suisse réalise sa plus belle finale à Paris contre Rafael Nadal et doit encore regretter cette balle de set à 5-2 dans la première manche. Popeye la sauvera et gagnera le set 7-5, la messe était dite…

3. Federer – Sampras 7-6 5-7 6-4 6-7 7-5
2 juillet 2001, Wimbledon – huitième de finale

J’ai des frissons rien qu’en écrivant ces deux noms et en lisant la date de ce match. Le seul et unique duel entre le jeune Rodgeur, 19 ans sur la balance, et le «vieux» Sampras, 29 ans et tenant du titre, sur le plus beau court du monde. Cet affrontement de légende, entre Légendes, est un régal pour les yeux, une ode à l'attaque et au service-volée. C’est Clara Morgane et Megan Fox à poil sur une plage des Maldives. C'est Mozart et Beethoven dans la Chapelle Sixtine. C'est l'Argentine de Maradona contre la France de Zidane à Wembley. C'est un Château Latour 1971 et un Pétrus 1981 à l'Hôtel de Ville de Crissier. A faire bander un mort.

2. Federer – Nadal 7-6 4-6 7-6 2-6 6-2
8 juillet 2007, Wimbledon – finale 

Le premier Fedal de cette liste, dix ans avant le monument de Melbourne. Un match d’anthologie entre deux joueurs au faîte de leur rivalité, dans un Centre Court de Wimbledon sans toit. Roger Federer, 26 ans, vole sur le court, et signe un cinquième triomphe de suite au All England Club, égalisant le record de Björn Borg. Bousculé, malmené et au bord de la rupture en début de cinquième set, il serre le jeu au maximum avant de dompter l'ogre de Manacor dans la dernière ligne droite. Rafael Nadal est donc très proche de l’exploit. Un exploit qu’il signera en 2008, dans ce qui est et restera probablement à jamais comme le plus grand match de tous les temps.

1. Federer – Nadal 6-4 3-6 6-1 3-6 6-3
29 janvier 2017, Open d’Australie – finale 

La plus belle victoire, la plus mythique, la plus magique, la plus légendaire, la plus mémorable, la plus exceptionnelle, la plus bandante, la plus folle, la plus renversante, la plus inattendue, bref, la plus TOUT !!!!! LE chef d'oeuvre de sa carrière, après une pause de six mois sans avoir touché une raquette. Frédéric Beigbeder en parle dans son dernier livre, page 120, comme l’une des principales raisons de vivre. Le cinquième set est d'ailleurs le plus dingue de toute sa vie. Mené 3-1 par un Rambo en transe, le Maître trouve les ressources pour revenir de l'enfer et inscrire... 5 jeux de suite (dont LE point du siècle) et conclure cette finale sur un dernier coup droit sur la ligne. J’avais énormément pleuré ce jour-là. Comme des millions de fans de Roger Federer, scotchés devant leur écran après un tel spectacle. J'en durcis encore.

Voici donc ce que je considère comme les dix merveilles du Maître. Il y aurait évidemment pu en avoir d'autres, comme le Federer – Murray de Wimbledon 2012, le Federer – Nadal de Wimbledon 2019, l'autre Federer – Nadal du Masters 2010, l'énième Federer – Nadal à Bâle en 2015. N'hésite pas à commenter, à débattre s'il le faut et à me donner ta liste. 

Joyeux anniversaire à toi, notre Rodgeur international ! Et merci pour toutes ces émotions, tu resteras toujours le plus grand à nos yeux. On t'aime si fort.

2.8.21

BELINDOR

Incroyable Belinda Bencic, ou Belindor ! En cette année si triste pour le tennis helvétique et le tennis tout court, la St-Galloise nous a offert la plus belle – et l'unique – satisfaction de cette saison, et plutôt deux fois qu'une une. Alors que personne, mais alors personne ne l'attendait, la chouchou de Martina Hingis et Roger Federer a réalisé la semaine de sa vie dans la cuvette suffocante de Tokyo. Une aventure aussi folle qu'improbable, où la Suissesse de 24 ans a puisé tout au fond de ses réserves pour cueillir le plus grand titre de sa carrière. Et devenir ainsi championne olympique de tennis en simple, 29 ans après le soussigné. « C'est iiiiiiiiimmense ! » comme l'a hurlé l'excellent Mathieu Germanier au micro de la RTS.

Non contente d'avoir raflé l'or en simple, Belindor est allée chercher la médaille d'argent en double, aux côtés de la pétillante Viktorija Golubic. L'ancienne quatrième mondiale s'est ainsi envoyée des journées de dingue, avec un match en simple suivi d'un autre en double, souvent sur des courts reculés qui me faisaient penser à des rencontres de Coupe Davis au Zimbabwe ou en Indonésie (si si, on a affronté ces deux pays durant la campagne de 1994...). Bref, une semaine de rêve pour Belindor et Viktorija, qui ont puissamment fait honneur au blason du tennis suisse, lequel est beaucoup moins flamboyant depuis quelques mois. Bravo les filles !

Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, le simple messieurs nous a également réservé une belle surprise, avec l'élimination aussi surprenante que peu glorieuse de Novak Djokochocolat. Le numéro 1 mondial, qui débarquait au Japon avec une confiance et un melon inversement proportionnels à sa cote de popularité, est tombé de haut. De très très haut. Alors qu'il s'était promené durant les premiers tours et qu'il menait 6-1 3-2 service à suivre, le coton-tige s'est complètement effondré en demi-finale face au valeureux Zverev. Coup de barre physique ou excès de confiance ? Probablement un peu des deux, mais surtout physique je pense. 

La suite ne fut qu'étoiles dans les yeux et réjouissances pour les nombreux haters du Serbe : ce dernier n'a même pas réussi à offrir une médaille de bronze à son pays, perdant son self-control et surtout son tennis face à sa quasi bête noire Carreno Busta (l'homme qui l'avait fait disjoncter à l'US Open) avant de pathétiquement déclarer forfait pour son match de double mixte – synonyme de bronze aussi – quelques heures plus tard. Sympa pour sa pauvre partenaire, laquelle a reçu un magnifique lapin au chocolat de la part du sosie de Joe Dalton... Les Jeux Olympiques et Djokovic, c'est décidément comme le tennis français et les victoires en Grand Chelem, les clubs romands de hockey et les titres de champion, Guy Parmelin et la langue de Shakespeare, Tiger Woods et la fidélité, ou l'Angleterre et les séances de tirs au but.

Pas de Golden Slam pour Djokobite, deux médailles pour une délégation suisse au taquet durant ces joutes : cette semaine fut vraiment délicieuse. Pour conclure, mention à Alexander Zverev, si décrié sur ce post, si inconstant depuis trois ans et, il faut le reconnaître, si talentueux quand son corps et sa tête répondent présents. L'Allemand de 24 ans remporte lui aussi le plus beau titre de sa carrière – même si sa victoire au Masters n'est pas loin derrière – et fait taire ses nombreux détracteurs. Place désormais à la tournée américaine et cet US Open qui promet quelques émotions et où le seul intérêt sera de savoir si Novak Djokovic peut réaliser ce fameux Grand Chelem calendaire. S'il le fait, autant dire que son couac olympique sera vite oublié.