26.11.17

Le sacre d'une génération de losers

Voilà voilà, les Français ont donc remporté leur dixième Saladier d'Argent ce dimanche, après une attente de 16 ans marquée par des échecs à répétition, des crises internes pathétiques et quelques finales traumatisantes, dont celle de 2014 contre Unser Nati. En cette édition boudée par les principaux ténors du circuit, la bande à Noah a su profiter d'un tableau extrêmement clément avant de battre la Belgique, pardon, avant de perdre contre David Goffin mais de battre cette pâle équipe de Belgique. Soyons honnêtes, à part le dernier finaliste du Masters, cette formation belge ne voulait pas dire grand-chose, à commencer par un Darcis aussi crédible que l'équipe de ski alpin de son pays... Le capitaine des diables rouges pourra d'ailleurs regretter longtemps de n'avoir pas aligné Goffin en double : vu la forme et la confiance du gaillard, il aurait certainement pu ramener ce point décisif.  

Tu le sais, j'adore la Coupe Davis et ne peux qu'apprécier ces images de liesse des tennismen français. Et, même si j'aime bien allumer nos voisins tricolores, il faut reconnaître que c'est un des pays qui vénère le plus cette compétition mythique, et rien que pour ça, respect à eux et fêtez bien les mecs ! Et qu'ils fêtent pendant une semaine, un mois, une année même... Parce qu'autant dire que cette Coupe Davis, ça restera pour les Tsonga, Gasquet, Simon, Herbert, Pouille, Mahut, Chardy et autre Benneteau comme LE titre de leur carrière. Le seul et unique titre qui compte, ni plus ni moins. Certes, Lucas Pouille est jeune et a encore quelques belles années devant lui, mais pour le reste de cette génération de losers, ils ne peuvent pas rêver d'un plus beau trophée !

Une génération de losers, oui, qui n'aura rien montré en Grand Chelem depuis tant d'années, qui aura été incapable de s'installer durablement dans le Top 10 et qui aura dû attendre l'une des éditions les plus faibles de la Coupe Davis pour soulever enfin ce Saladier d'Argent. Et au dessus de cette bande de joueurs de seconde zone, trône en héros un certain Yannick Noah... Le grand gourou des Bleus, que j'avais eu plaisir à allumer en février après notre victoire en Fed Cup, a donc réussi son pari et gagne sa troisième finale de Coupe Davis sur trois, avec toujours ce brin de chance et la gueule grande ouverte. 

Je ne sais pas si les joueurs apprécient vraiment ce docteur ès théories, s'ils l'écoutent aux changements de côté, s'ils n'ont pas envie de lui foutre des baffes quand il se met à pleurer ou à s'exciter sur son banc de capitaine, mais comme on dit, il n'y a que le résultat qui compte et aujourd'hui, force est de constater que l'auteur de Saga Africa a fait les bons choix durant cette campagne. Notamment en faisant revenir Tsonga pour la demi-finale, en optant pour la bonne équipe de double samedi et en décidant d'aligner Pouille lors du cinquième match. Mais ne compte pas sur moi pour encenser ce mec dont le melon est aussi gros que celui de Bernard Nicod et Marc Bonnant réunis...

Bref, cette finale – à l'image de cette édition 2017 – ne restera pas dans les annales. Mis à part le double samedi, on est clairement resté sur notre faim avec des matches à sens unique dénué de tout suspense, la faute à un Goffin trop fort et à un Darcis trop faible. Mais ce fut tout de même beau de voir 27'000 personnes dans ce stade Pierre-Mauroy trois jours durant, de contempler la niaque des (très) nombreux supporters belges et de se dire, une fois de plus, que cette Coupe Davis est décidément unique. Et qu'il faut vraiment être très con pour vouloir modifier sa formule. Allez, bravo quand même aux Bleus et à l'année prochaine les amis !

20.11.17

Le jour de gloire de Baby Federer

Oui, ce dimanche 19 novembre 2017 restera comme LE jour de gloire de Grigor Dimitrov. A égalité peut-être avec celui où il a mis Maria Sharapova pour la première fois dans son lit... Le Bulgare remporte ce tournoi des maîtres – et non plus du Maître... – après une série de cinq matches et cinq victoires contre des seconds couteaux. C'est d'ailleurs le premier joueur de l'histoire du tennis à gagner le Masters en n'ayant pas affronté un seul vainqueur de Grand Chelem (!) et en ayant battu uniquement un seul membre du top 4 mondial (et encore, il s'agissait du sketch Thiem, le Monfils autrichien...). 

S'il n'a pas forcément ébloui l'assistance par des coups venus de nulle part, celui qu'on surnomme Baby Federer a surtout gagné ses matches au physique. Comme samedi contre le surprenant Jack Sock et dimanche contre le tout aussi surprenant Goffin. Je ne suis pas super enthousiaste dans ce post mais je te rassure, j'ai quand même eu beaucoup de plaisir à suivre cette finale inédite et, même si l'élimination du Rodg m'a pourri mon week-end, je suis très heureux pour ce joueur talentueux et ô combien sympa qui, je l'espère, va mettre des bâtons dans les roues aux Nadal, Djokovic et autre Murray.

C'est un fabuleux triomphe pour Dimitrov même s'il faut reconnaître que c'est bien Goffin, ce petit Belge aux allures de contrôleur de bus, qui a pris le plus de risques et animé la rencontre. Le tombeur de Rodgeur aurait mérité de gagner le premier set mais il aura beaucoup trop vendangé pour finalement offrir cette manche initiale – certainement décisive – au copain de Nicole Scherzinger (comme quoi, son palmarès tennistique commence gentiment à rivaliser avec son tableau de chasse féminin...). Un Grigor Dimitrov solide à défaut d'être brillant, et surtout extrêmement nerveux tout au long de la partie. Bref, autant dire qu'entre ce Goffin maladroit et ce Dimitrov tendu comme un string, un Roger Federer dans un jour "normal" aurait réglé l'affaire en deux sets.

Mais voilà, à notre plus grand regret et à celui de la O2 Arena, le Suisse a mordu la poussière contre le Belge aux muscles aussi développés qu'une pomme allumette. Ok, le finaliste de la Coupe Davis a sorti un match incroyable et un tennis de malade, mais l'homme aux 19 Majeurs ne devait jamais perdre une telle rencontre. Fatigue, déconcentration, mal au dos ou autre : on ne sait pas trop ce qui est arrivé au Bâlois ce samedi. Cela n'enlève rien au magnifique bilan de son année 2017, mais il restera quand même un petit goût d'inachevé en bouche, surtout quand on voit l'opposition en face... Allez, j'arrête de râler et profite de ce post pour remercier une énième fois le Maître pour toutes ces grandes émotions. Bonnes vacances et à l'année prochaine au taquet, cher Rodg !

Bref, l'apothéose rêvée n'a pas eu lieu, on est clairement resté sur notre faim mais il convient tout de même de féliciter Dimitrov pour cette consécration. A 26 ans, le sosie de James Deen a enfin franchi un palier cette saison en raflant son premier Masters 1000 à Cincinnati et ce tournoi des maîtres. A lui désormais de confirmer en Grand Chelem, là où il a souvent déçu, et de prouver que sa place de numéro 3 mondial n'est pas une imposture. Quoi qu'il en soit, cette saison 2018 promet des étincelles : entre le retour des Djokovic, Murray, Wawrinka, Raonic et Nishikori, la confirmation attendue des Dimitrov, Zverev, Goffin et autre Del Potro, et bien sûr la présence des monstres Federer et Nadal, il y aura de quoi se régaler, on s'en réjouit !

15.11.17

Le tournoi du Maître

 
Cette année, on ne peut pas parler du tournoi des maîtres, mais bien du tournoi du Maître. Du Maître Roger Federer qui, plus que jamais, est seul au monde sur la planète tennis et constitue l'unique attraction – en l'absence de Rafael Nadal de ce grand raout de fin d'année complètement décimé. Tous les yeux sont rivés sur lui et le reste n'est que garniture, comme dirait la pub Bell. Ce Masters 2017, c'est les plages de Normandie après le Débarquement du 6 juin 1944, c'est le football italien le soir du 13 novembre 2017, c'est la vie de Loana après Loft Story. Bref, c'est un champ de ruines qui est un peu à l'image de cette saison et surtout du dernier US Open... Ce Masters 2017, c'est Roger Federer contre le reste du monde, ou le peu qu'il en reste.

Ainsi donc, après les forfaits annoncés de Djokovic, Murray et Wawrinka, Rafael Nadal a décidé de jeter l'éponge lundi soir après sa défaite – honorable vu les circonstances – face à David Goffin. Popeye termine l'année en boitant, en tirant la langue et en refaisant ses bandages toutes les demi-heures, tel un missionnaire à la fin de la guerre. L'Espagnol aura donc fait le strict minimum pour assurer sa place de numéro 1 mondial et aura traversé cette saison indoor comme un fantôme. Pour le panache, la gloire et le spectacle, on repassera. Comme souvent, pour ne pas dire toujours, avec Rafa...

Je ne vais pas refaire mon aigri mais on ne peut que ruminer ce coup de mou du Suisse après sa "blessure" à Montréal. Sans ce coup d'arrêt ô combien regrettable, nul doute qu'il serait aujourd'hui confortablement installé sur le trône à la place de l'ogre de Manacor... Mais bon, avec des "si" je serais banquier privé et père de trois gamins, je tromperais ma femme chaque semaine, consulterais trois psys et boufferais des Xanax quotidiennement. Finalement, elle n'est pas si mal ma vie de célibataire-quarantenaire consultant sur la RTS.

Bref, sans la Momie, le groupe Pete Sampras ressemble à une vaste blague avec quatre joueurs (Goffin, Dimitrov, Thiem et le remplaçant Carreno) qui n'ont jamais atteint une finale de Grand Chelem. C'est peut-être même le groupe le plus faible de l'histoire d'un Masters et ce n'est pas une surprise si la O2 Arena ne fait pas le plein cette semaine. Ce groupe, c'est comme si tu retrouves la Russie, l'Islande, le Panana et l'Arabie Saoudite dans la même poule à la Coupe du Monde 2018...

Le groupe Boris Becker, celui du Rodg, donne un peu plus de rêve avec le prometteur Zverev, l'inconstant Cilic et... l'improbable Jack Sock. Oui oui, Jack Sock est bien un joueur de tennis, et non le batteur de Linkin Park ou un acteur de films X. Jack Sock au Masters, c'est plutôt sympa, c'est rafraîchissant, c'est la preuve qu'on peut jouer au tennis avec quelques kilos en trop et c'est surtout mérité au vu de sa victoire à Paris-Bercy, mais c'est quand même l'évidence que derrière le duo Federer – Nadal, le gouffre est immense avec le reste de la meute... Jack Sock, qui était encore 22ème mondial et inconnu au bataillon il y a deux semaines, est d'ailleurs toujours en lice pour une place en demi-finale. Ce serait rigolo certes, mais qu'on soit d'accord les mecs, voir l'Américain en demi-finale d'un tel tournoi, c'est comme si tu me dis que Seferovic va signer au Barça ou que Tariq Ramadan va devenir ambassadeur de la Journée internationale de la Femme...

Enfin bref, je ne vais pas faire la fine bouche et profiter de ce Masters que j'ai la chance de commenter avec mon pote Pascal Droz. Si le Carreno – Thiem de mercredi donne autant de rêve qu'un documentaire sur les timbres postes de l'URSS diffusé sur Arte en noir et blanc, j'ai eu beaucoup de plaisir à suivre le Federer – Zverev de mardi soir et à savourer un nouveau succès du Bâlois. L'homme aux 19 Majeurs, même s'il n'a pas toujours été très rassurant, est d'ores et déjà qualifié pour les demi-finales et continue de nous épater. Bref, vivement la suite de cet ATP 500, pardon, de ce tournoi du Maître et de ses élèves...