L'Humiliation avec un grand H
Une impressionnante démonstration de force qui fera date et qui laissera probablement des traces. J'en suis resté à la fois bouche bée et sur ma faim. Bouché bée devant la facilité de la machine de Belgrade. Sur ma faim car j'espérais un tout autre match entre ces deux monstres, genre un remake de Melbourne 2012 ou Wimbledon 2018, il n'en fut rien. Ce court de tennis était en ring de boxe, ce Nadal-là n'était qu'un vulgaire sparring-partner, un essuie-glace à peine capable de lui renvoyer quelques balles. Cette finale n'a donc pas sauvé une édition 2019 de petite facture, où les beaux matches n'ont pas été légions, où les night sessions ont manqué de panache et où ce super tie-break ne m'a pas convaincu. Personnellement, j'ai toujours aimé ces matches de dingue avec des 18-16 ou 26-24 au cinquième set. Sans parler du cultissime 70-68 entre Isner et Mahut... Force est de constater que ces scénarios de fou ont manqué cette année à Melbourne.
Bref, Djokoboss était trop fort, mille fois trop fort pour un Popeye qui a subi ce qu'il fait généralement subir à ses proies en finale de Roland Garros. La Momie n'avait jamais pris une telle raclée en finale de Grand Chelem et, à vrai dire, je l'ai rarement vu aussi perdu sur un court. La bonne nouvelle pour tous les fans de Rodgeur, c'est évidemment que Musclor reste bloqué à 17 Majeurs et, si le Serbe continue comme ça cette saison, l'Espagnol ne pourra compter que sur son traditionnel sacre à la Porte d'Auteuil pour rattraper son retard. Et encore, rien ne dit que le sosie de Joe Dalton ne gagne pas cette année à Paris. Si la finale devait à nouveau les opposer, je miserais bien une pièce sur une victoire de Djokobite.
Un Djokobite qui entre encore un peu plus dans l'histoire de son sport, dépassant Pete Sampras dans le record des records, celui des titres en Grand Chelem. Le record qui désignera, lorsque les trois monstres de la petite balle jaune auront rangé leur raquette, le plus grand joueur de tous les temps. A 31 ans, fort de ses 15 couronnes majeures, le natif de Belgrade a encore de belles années devant lui et se profile, selon moi, comme le plus grand danger pour Federer. Le mec est affamé, injouable, plus fort que jamais. Oui, il me fait très peur. Je suis même en train de me dire que ce Djokovic-là est meilleur que celui de 2011, tu sais, celui qui avait fini la saison avec un ratio de 70 victoires pour 6 défaites. J'espère évidemment me tromper. J'espère aussi et surtout qu'un joueur de la Next Gen pourra se mêler à la bagarre et gagner un Majeur cette année. A l'heure où j'écris ces quelques lignes, on en est très loin.