La pire défaite de tous les temps
Non Rodgeur, NON !!! T'avais pas le droit. T'avais pas le droit de la perdre. Pas comme ça. Pas chez toi à Wimbledon. Pas contre ce putain de Djokobite. NON NON NON. T'avais pas le droit de nous faire ça mais, surtout, t'avais pas le droit d'infliger ça à ta légende. A la limite, j'aurais préféré que tu prennes un trois sets à zéro et qu'on passe directement à autre chose. Mais là, comment passer à autre chose ? Comment oublier ces deux balles de match à 8-7, comment oublier ces deux balles de break – qui avaient le poids de balles de match – à 11-11 ? On n'oubliera pas, on n'oubliera jamais. Jamais. Putain de merde, un ace, un service gagnant ou un coup droit sur la ligne, c'est tout ce que tu avais à faire pour entrer à nouveau dans l'Histoire et remporter l'un des plus beaux matchs de ta vie. Si ce n'est le plus beau.
Je sais, ça ne sert à rien de refaire ce match. Je l'ai déjà refait mille fois dans ma tête. J'y repenserai encore dix mille fois cette semaine. Mais ça ne sert à rien. L'Histoire est écrite, le chapitre est clos et c'est Novak Djokovic qui en est le héros. Ce joueur au charisme d'un tube de Cenovis (je sais, c'est méchant pour le tube de Cenovis) a sauvé deux balles de match, avant de sauver deux balles de break dans un avant-dernier jeu capital. Oui, ce mec est un robot, un tueur, une machine. Tout ce que n'est pas Federer. Notre bon vieux Rodgeur a des émotions, des sentiments, comme toi et moi, et il a tremblé au moment de conclure. Mes amis de CartonRouge.ch – que je salue au passage – l'ont surnommé Jean-Claude Dusse, l'homme qui n'arrive pas à conclure dans Les Bronzés font du ski. C'est sévère, mais il y avait un peu, voire beaucoup, de Jean-Claude Dusse chez Roger Federer dimanche après-midi.
Un point. Un point. Un point. Un point. Un point. Un point. UN POINT. Il aura donc manqué un point. Un point, soit même pas 1 centimètre. Voilà ce qui sépare aujourd'hui un homme et tous ses fans d'une déprime absolue à une extase fantasmagorique. Je n'y reviens pas. Je n'y crois pas. Le destin est tragique, terriblement cruel. Je ne vais pas partir dans de longues théories sur cette rencontre, ça ne sert à rien. Je sais, je me répète, et j'en ai rien à foutre. Un match que Jean-Claude Federer aurait pu gagner en trois sets, qu'il aurait dû gagner en quatre, et qu'il a réussi à perdre en cinq. Roger Dusse a gagné 218 points dimanche, Djokovic 204. C'est comme quand Hillary Clinton a perdu contre Donald Trump avec 3 millions de voix en plus. C'est comme le Portugal contre la Grèce en finale de l’Euro 2004, lorsque les stats devaient afficher 22 tirs à 1. C'est comme ton pote qui charogne la même miss depuis 10 ans et qui finit par se la faire piquer par son contrôleur fiscal. Qu'on le veuille ou non, c'est la lose.
C'est la lose et c'est moche. C'est moche de perdre comme ça. Et ça me saoule, ça me gave, ça m'énerve. Je n'ai plus envie d'écrire un mot sur cette horrible défaite. Alors je te dis à bientôt, à je ne sais pas quand. La tournée américaine ne va pas me passionner, c'est certain. Tu me reverras pour l'US Open mais, si Jean-Claude Dusse est en finale contre Djokoboss, je te promets que je ne la regarderai pas, cette daube sans nom. Une chose est sûre, il y aura un avant et un après 14 juillet 2019 dans le monde du tennis. C'est un tournant dans l'histoire de ce sport. Il y a des choses qu'on ne peut plus revivre. Il y a des instants de gloire qu'on laisse passer à tout jamais. Il y a des moments de légende qu'il faut savoir saisir. Il y a des regrets éternels. Ce 14 juillet 2019 est un regret éternel. ETERNEL. Un point. Putain. Un point.
Adieu rêves et records. Adieu champagne et cotillons. A nous mouchoirs et colère. A nous tristesse et détresse. Un point les amis. Un point.