Ginger, tu nous manques

Comme tu le sais, je suis allergique aux fêtes de fin d’année. Je déteste ça, c’est inné. Même quand j’avais 5 ans je trouvais ça con, ça doit être la faute de mes parents… Faut dire qu’à Noël, mes vieux avaient la bonne idée de demander au voisin du haut de se déguiser en Père Noël et distribuer les cadeaux… Le seul problème, c’est que ce voisin tapait dans le pastis dès 9 heures du mat’… Bref, t’imagines la dose et l’haleine du gaillard quand il débarquait chez nous le soir du réveillon et qu’on devait se poser sur ses genoux pour la photo… Y’a de quoi te dégoûter à vie de Noël et te donner envie de brûler le crèche ! D’ailleurs c’est ce qu’on avait fait une année avec mes cousins, je devais avoir 16 ans mais je buvais déjà comme une trogne… On était tellement ronds après le repas qu’on avait mis la crèche dans la cheminée et qu’on y avait mis le feu, trop fort ! Putain on avait pris une brossée le lendemain… Mon père m’avait interdit de sortir à l’Arthur’s pendant un mois, l’enfer. Mais enfin, 20 ans après ça reste de bons souvenirs !

Sinon, triste nouvelle, Ginger est décédée cette semaine à Miami. Paix à son âme. Tu connais Ginger ? C’est la stripteaseuse la plus connue de Suisse romande, originaire de Genève et accessoirement une bonne copine. Ouais, je l’aimais bien cette Ginger. Je l’avais découverte au Pâquis lorsqu’elle s’effeuillait dans un peep-show sous le nom d'Eve. Elle m’avait fait durcir au premier regard et tu me connais, je l’avais tout de suite branchée ! Une semaine après on buvait un verre ensemble et un mois après… je prenais un râteau monumental ! Mon coup classique «je suis joueur de tennis, j’ai un max de blé, une grosse voiture et plus si affinité» n’avait pas marché avec elle... et ça m’avait plu ! C'est vite devenue une copine, à défaut d'une maîtresse !… J’ai souvent fait appel à elle pour des débuts de soirée entre potes, des enterrements de vie de garçon ou des mariages. Au niveau du striptease, c'était la reine, la meilleure, la star de tout Genève, la «Roger Federer du string», capable de faire bander un moine du Grand St-Bernard et même Stéphane Lambiel !

Je me souviendrai toujours de cette anecdote avec mon pote Arnaud Clément… J’avais organisé un début de soirée tranquille chez moi : caviar iranien, champagne francais, vodka russe, cigare cubain et la touche locale… le striptease d’une Genevoise ! Une bouffe entre potes en toute simplicité quoi... A 23 heures la Ginger arrive et nous fait son show avec la crème chantilly et tout le toutim. Le Clément devenait fou, il était surexcité. Bon, faut dire qu’il était déjà complètement rond… A la fin du spectacle il lui tend un billet de 1000 francs et lui lance : «Allez petite, j’en peux plus, on file dans la chambre de Marc, je vais te faire grimper aux rideaux !» Et c’est là qu’elle lui sort : «T’es petit, t’es moche et je suis sûr que tu baises comme un pied !» Ah comme c’était beau ! Le Clément a voulu l’attraper par le bras mais la Ginger s’est défendue en l’aspergeant de crème chantilly, superbe ! Il en avait partout sur son beau costard noir… Du coup j’ai dû lui prêter une chemise et un froc mais tu penses bien qu’entre ses 1m70 et mes 2m00 y’avait un petit problème de taille ! Qu'est-ce qu'il avait l'air con au Java ! On aurait dit Passe-Partout déguisé en Shaquille O'Neal.

Bref, tu vas me manquer Ginger ! J'espère que tout là-haut, tu feras chauffer les anges ! Allez, moi je file à St-Trop' pour le Nouvel-An... Pas de Verbier ou Zermatt pour moi, je déteste la neige, le ski et surtout les Anglais ! Pis les Anglaises ne veulent pas de moi. Avec ma coupe de cheveux, elles m'ont dit qu'elles avaient l'impression de coucher avec un Irlandais. Bref, autant dire que j'évite les stations de montagne suisses...

Bonne année à tous et si vous me croisez en boîte à St-Trop, venez me faire un bisou, j'adore ça. Mais pas après minuit, je suis comme les Gremlins, si on me fait des papouilles après le tour d'horloge, je prends ça pour des avances !

Vodka, museli et Bigoudi...

Ouais, désolé les mecs, j’ai glandé ! Mais bon faut me comprendre, la saison est finie, l’actu tennistique est aussi intéressante qu’un épisode de Bigoudi et puis bon, j’ai aussi le droit de prendre des vacances, merde ! En gros j’ai un peu décroché du monde du tennis depuis quelques semaines, pas que j’ai le blues, mais entre nous, ce n’est pas la finale de Coupe Davis entre les cow-boys américains et les mafieux russes qui allaient me faire lever de ma chaise… T’as suivi un peu ce week-end ? Trois matches en 3 sets, aucune émotion et le point de la victoire gagné par les frères Bryan au terme d’un double insipide. Bref, on était très loin de l’édition 2006 avec la superbe victoire de mon pote Marat lors d’un cinquième match électrique ! Tu t’en rappelles ? J’y étais !

En parlant de Coupe Davis, bravo à Stan qui a accepté de participer au premier tour du Groupe B à Kreuzligen. Il a du cœur ce gamin car accepter d’aller s’enterrer un week-end à la Bodensee Arena pour un match face à la Pologne, faut être sacrement patriote ! Enfin bon, on ne devrait pas le remercier car c’est normal de défendre son pays en Coupe Davis, c’est même une fierté, hein Rodgeur ! A mon époque, je me souviens avoir joué des premiers tours de Coupe Davis devant 800 personnes dans la banlieue zurichoise, c’est tout juste si les médias faisaient le déplacement… Le seul journaliste qu’on était sûr de croiser, c’était Roger Jaunin, l'homme qui ne quitte jamais sa bouteille de blanc et son paquet de clopes ! Putain celui-là, ça fait 20 ans qu’il «végète» autour des courts du monde entier, tu crois qu’il se la coule douce ? Mais je l’aime bien le Jaunin, il est toujours partant pour partir en piste, quitte à écrire son papier du lendemain la tête dans le cirage ! Bon est bien d'accord, y’a pas besoin d’être à 100% de ses capacité mentales pour écrire un article pour Le Matin, si tu vois ce que je veux dire !

Bref, pour en revenir à Stan, je tiens à le féliciter d’aller défendre la Suisse contre la Pologne. Certains lecteurs un peu insistants – pour ne pas dire casse-couilles… - me demandent de commenter sa saison et sa rupture avec Greg Zavialoff... Bon je veux bien ! Ce que je pense de sa saison ? Qu’il a vécu six mois merdiques de mi-janvier à mi-juillet et cinq mois semi-merdiques de mi-juillet à novembre ! Malgré ses deux finales à Vienne et Stuttgart et malgré son bon parcours à l’US Open, Stan n’a pas réalisé une grande année et peut faire beaucoup mieux. Bien sûr il y a eu sa blessure et c’est déjà pas mal de finir la saison à la 36ème place, mais le gamin se doit de faire mieux. L’objectif en 2008, c’est une place dans le Top 20 et un quart, voire une demi-finale en Grand Chelem. Il en a les moyens !

Quant à sa fin de collaboration avec Greg Zavialoff, je suis personnellement déçu car je vais moins souvent croiser mon pote Greg dans les bars des tournois ! Lui c’est le Roger Jaunin des managers sportifs, capable de boire shot sur shot et d’être au taquet le lendemain ! Je me rappelle d’une anecdote lors du barrage de Coupe Davis à Prague en septembre dernier, je ne te l’avais pas raconté… Le vendredi soir, on était parti en piste avec Jaunin et les frères Zavialoff… On était complètement à fond ! On avait trouvé un pince-fesses assez sympa vers le Pont Charles… On buvait verre sur verre, bouteille sur bouteille, on n’arrêtait pas… Bref, on fait la fermeture et à 6 heures du mat, les Zavialoff proposent d’aller faire l’after chez eux, dans l’hôtel de l’équipe suisse. A noter qu’entre temps le Jaunin avait rendu l’âme, et accessoirement donné 3 fois à manger aux renards… Il tient bien l’alcool mais le concours de shot lancé par Greg était de trop pour lui ! Il bosse au Matin le Jaunin, faut pas l’oublier, c’est pas avec Emmanuel Favre et Nicolas Jaquier qu’il va pouvoir coucher des ours comme les Zavialoff…

Bref, complètement hystériques, les frangins m’invitent dans leur piaule, on débarque à l’hôtel et devine sur qui on tombe à 7 heures du mat ? Séverin Lüthi qui sortait de sa chambre et allait manger son museli, le vrai Suisse allemand quoi ! Et là Greg Zavialoff lui lance : «Ecoute Sév’, j’ai couché Roger Jaunin au concours de shots, toi je veux te coucher au concours de museli ! Celui qui en mange le plus a gagné, ok ?!» Après quelques minutes d'hésitation, le Lüthi accepte… Un, deux, trois, quatre, cinq muselis... Bref, il était 9h30 du mat’ et Greg et Séverin s’envoyaient leur sixième museli, t’imagines la rage des mecs ! Et c’est là qu’il lâche : «Bon Sév, on corse le concours, sinon on ne va jamais finir : museli à la vodka !» On a dû insister mais le Lüthi a finalement accepté…

On a versé une bouteille de vodka dans leur museli… Et là ça n’a pas duré longtemps… Le Lüthi est gentiment devenu vert pâle, puis jaune fluo avant de virer au blanc écarlate ! Un vrai caméléon ! Depuis on l’a baptisé «United Colors of Pauvre Con»… Bref, le Lüthi a fini aux toilettes, complètement rond, trop fort ! Tu penses bien, lui et l'alcool ça fait deux ! Le Greg, lui, était nickel. Il hurlait et voulait défier Federer... On a dû le retenir et lui préciser que Rodg avait un double à jouer l'après-midi même... C’est pour ces moments-là que Greg va me manquer !... Allez Greg, à bientôt, je viendrai boire des verres avec toi au Standard, le nouveau repère des «tennismen» de Lausanne, ai-je ouï dire !