La Suisse est dans la merde, pardon, dans le Groupe B !

Bref, après quinze jours à broyer du noir à Genève, je me réjouissais de partir à Prague. Une fois n’est pas coutume, je t’épargnerais les détails nocturnes pour te parler de tennis. Voilà, la Suisse est donc reléguée dans le Groupe B. C’est une énorme déception, un immense gâchis. Je pense franchement que dans l’histoire du tennis, c’est la première fois qu’une équipe avec un numéro 1 et un numéro 44 mondial se retrouve dans le Groupe B. Du jamais vu. Bref, c'est le résultat d'une gestion inexistante, à la petite semaine d'une bande de potes en vacances. Fondamentalement, il n'y a rien d'étonnant à cette relégation. Faisons un peu le tour du propriétaire pour mieux comprendre ce fiasco...
Premier problème : Séverin Lüthi. Ce mec ne sert à rien, c'est juste le bon pote qu'on assied sur la chaise, comme les juniors E de Genève Servette mettent une mascotte dans leur but. Il dirige cette équipe depuis trois ans sans aucune ambition, sans vision, sans charisme. Envoyé spécial de Federer, il se retrouve à une place qui n’est pas faite pour lui et cautionne une politique de faux-semblant qui nous fout aujourd'hui dans le mur. Séverin Luthi n'a rien du capitaine idéal. Ce grand mou est aussi passionné qu’Eric Willemin derrière un micro, aussi charismatique que Micheline Calmy-Rey dans un tailleur Spengler et quant à sa propension à pousser des gueulées, je dirais qu'elle se situe entre Mimi Matty et Etienne Daho. Un capitaine ambitionne, fait des choix, mène des hommes, façonne une équipe, établit des plans et explique sa vision. On est bien loin de tout ça aujourd'hui avec un capitaine qui se contente de sous-gérer une équipe dont l’unique ambition est de garder la tête hors de l'eau en attendant, passive et «benête», qu'un jour le numéro un mondial prenne la chose au sérieux. Dans ces conditions bien particulières et certainement pas évidentes, on aurait quand même aimé voir se construire une équipe, se développer des joueurs, réalisant des perfs, tutoyant l'exploit. Rien que pour montrer à Rodgeur que le temps du sacrifice et du sacre est venu. Rien de tout ça bien entendu, des défaites sans équivoques, sans sursaut, sans volonté. Au vu de tout ça, il ne sert à rien de s'étonner du peu de préparation de cette équipe qui nous apparaissait plus encline à faire sa bonne action que de porter une ambition. Bref, la marque d'un capitaine dont la défaite de ce week-end est celle de trop. L’heure de la démission a sonné !
Deuxième problème : Stanislas Wawrinka. Tu sais bien que j’adore ce gamin. Il est pétri de talent et de volonté mais bon voilà, il a encore laissé filer un match qu’il ne devait jamais perdre. Face à un Stepanek en chaise roulante, les deux bras dans le plâtre, une conjonctivite à l’œil gauche et perclus de crampes, il a été incapable de faire la différence. C’est bien sûr un problème mental. Stan n’arrive pas à concrétiser ses balles de break, à gérer une pression trop grande pour lui. Trop jeune ? Faux ! Ca fait trois ans qu’on dit qu’il a les moyens d’apporter ce 3ème point en Coupe Davis. Force est de constater qu’il n’y arrive toujours pas. Comme l’année passée face à la Serbie où il n’avait pas réussi à battre un Djokovic pourtant prenable, Stan a merdé et perdu lamentablement ses deux simples, qui plus est en 3 sets. Bref, on peut posséder le meilleur numéro un de l'histoire du tennis, si le mec d'à côté est incapable de gagner un match, ça ne sert strictement à rien de continuer. Ca doit quand même à terme poser quelques problèmes à Rodgeur.
Et j’en viens directement au troisième problème : Roger Federer. Un problème ? Oui, parce qu'il faut constater aujourd'hui que le modèle qu'il propose n'est pas viable. Qu’il se foute de la Coupe Davis comme de sa dernière chaussette, c'est son droit le plus strict et c'est d'autant plus difficile de lui jeter la pierre après la saison fantastique qu’il vient de réaliser. On comprend son plan de carrière et personne ne lui reproche rien. Mais le modèle est mort et il va falloir prendre une décision. S'investir à 100%, contribuer au développement de Stan et mener cette équipe vers les sommets. Ou alors laisser tomber, laisser les potes se battre et se construire face à leurs responsabilités. Mais cette situation de petit compromis bien suisse n'est plus viable.
Allegro est-il lui aussi sur le banc des accusés ? Dur à dire… Comme d’habitude, le Valaisan s’est donné de la peine, en a eu et en a fait… C’est malgré tout le plus passionné des membres de l’équipe suisse. Alors que Rodgeur tirait la gueule, que Lüthi s’endormait sur sa chaise et que Stan jouait petit bras, le Valaisan a au moins montré qu’il aimait cette équipe. Mais bon, il peut l’aimer très fort cette équipe, il peut même choper le bois durant 3 jours lors de chaque week-end de Coupe Davis, ce n’est pas ça qui nous ramènera le point de la victoire. Au double samedi, la paire helvétique a encore montré ses limites. Comme face à la France en 2004, Allegro et Federer ont manqué de cohésion et, surtout, de rage lors des points importants. Et au niveau du tennis, on a malheureusement eu l’impression que c’est plutôt Federer qui se mettait au niveau d’Allegro que le contraire...
Enfin et je tiens à le dire, un coup de chapeau aux Tchèques et en particulier à Stepanek ! Ce joueur a la gueule la plus moche du circuit, ressemble à une carpe croisée avec un gorille, mais franchement, quelle rage ! Sans cesse en train d’haranguer la foule, complètement hystérique lors des points décisifs, il a eu cette dose de folie qui manquait cruellement aux Suisses. Cette dose de folie et de passion qui a manqué aux Bastl, Kratchovil et Stan lors des fameux cinquièmes matches.
On l’a donc pris bien profond ce week-end et je peux te dire que j'ai la rage. Je n'étais certainement pas le capitaine idéal, mais ça me fait mal de voir cette équipe dans cet état. Bref, je suis dégoûté, triste pour mes potes, ne me reste plus qu'à prendre une bonne mine pour oublier ! Et ne me demande même pas de parler du Groupe B, parce que je ne suis pas sûr d'aller m'extasier au Zimbabwe ou au Kazakhstan pour voir jouer l'équipe de Suisse... Quoique si elle chope la Thaïlande, ça pourrait changer la donne, si tu vois ce que je veux dire !