The Greatest !

«Il faudrait que j’invente des mots qui ne sont pas dans le dico», piètre référence que celle des Inconnus pour tenter de porter au sommet un artiste unique. Mais honnêtement, à l’heure du bilan, je dois quand même avouer que les mots me manquent. Avouer aussi qu’érectionant, rodgerien et autres délires que j’ai pu écrire sur ce blog ne sont pas, et ne sont peut-être plus au goût du jour. Rodgeur a passé un cap à Paris, Rodgeur est monté hier sur un nuage qui le porte haut et loin de tous ses rivaux. Rodgeur a surtout giflé avec élégance, distinction et honneur tous ceux qui, moi en-tête, en appelaient à une aide externe, un sursaut d’orgueil ou je ne sais quoi pour crever le dernier plafond, le dernier ciel avant Dieu…
Au-delà de l’élégance, du talent, de la maîtrise, des victoires, des coups magiques que Rodgeur a distillés tout au long de sa carrière, il a gagné à Paris puis à Wimbledon son plus beau pari. Meurtri, agacé il y a un an, il a su trouver la solution en son sein, en son cercle, dans sa bulle. Il avait raison sur toute la ligne, il peut aujourd’hui jouir en paix. En paix avec lui-même, en paix avec ses choix, en paix avec ses proches. Et toute la beauté de sa démarche est qu’il jouit encore aujourd’hui après tous ces titres, après toutes ces distinctions, après tous ces records d’un plaisir sincère à jouer au tennis. Quand on sait combien cela coûte en sacrifices, combien d’autres se sont brûlés les ailes et se sont cassés le moral à la tâche, le personnage prend ici toute sa dimension : unique, splendide, historique, légendaire.
Alors oui, je pourrais te dire que ce Wimbledon 2009 aurait mérité deux vainqueurs, que Roddick a été époustouflant, que je voudrais le féliciter, qu’il aurait probablement gagné trois ou quatre Grand Chelems de plus dans sa carrière s’il n’y avait pas eu un certain Roger Federer à chaque fois sur sa route en finale, que l’Américain doit être anéanti en ce moment et qu’il pourra toutefois se consoler en se disant qu’il fut l’acteur d’une des plus belles finales de l’Histoire du tennis et qu’accessoirement sa femme est une bombe, mais honnêtement comme Roddick lui-même le sait, d’hier on ne retiendra qu’une chose : l’ascension de Rodgeur sur une autre planète, sa planète. En l'espace de quatre semaines, d'une double consécration à Paris et à Londres, le Bâlois est devenu le plus grand des plus grands. The Greatest. Pour l’Eternité.
En parlant de planète justement, j’aimerais te dire que je suis sur la mienne et j’y suis bien. L’été que j’avais tant rêvé l’an dernier, l’été où je voyais Rodgeur vainqueur à la Porte d'Auteuil et au All England Club, la Suisse à l’Euro, ben il débute maintenant et il va falloir le savourer. Je ne suis moi aussi plus dans l’excitation, mais dans la jouissance. Bref, pas question de me foutre à poil sur un vélo, d’arroser les Pâquis au champagne, mais juste de savourer l’instant présent. Parce qu’en bons Helvètes, ce n’est pas tous les jours que nous sommes appelés à savourer des succès. A l’heure où mon pote Ernesto va mettre sa plus belle bête à l’eau, où Piccard va faire voler un avion solaire, force est de constater que la Suisse aujourd’hui peut savourer avec fierté un été que peut-être nous ne connaîtrons plus.
C’est sans aucun doute ce que n’a pas compris la rédaction d’ignards du journal de la TSR qui ce soir encore a montré toute son incompétence en ne consacrant que 4 minutes à la consécration du plus grand joueur de tous les temps ! Mais quelle bande de clowns, j’aimerais tous les gifler. Si Federer ne méritait pas 30 minutes de reportages, 20 minutes d’interview, un direct à Londres ou je ne sais quoi, moi je m’appelle Wolfgang Amadeus Mozart, je suis catholique pratiquant et j'étais à la messe dimanche matin avant de jouer au Uno avec ma grand-mère sur la terrasse de son EMS !
Bref, recentrons-nous sur Roger, ses 15 titres, ses records, son palmarès, sa classe et son brio ! Je ne vais pas faire de grandes théories, mais j’aimerais simplement que tous les mecs qui peuplent nos équipes nationales de foot et de hockey, tous ces gars qui ont manqué à l’appel et à la tâche prennent exemple sur ce qu’est un grand champion, sur ce qu’est un grand sportif, à savoir l’antithèse des fonctionnaires du sport qu’ils sont et qu’ils resteront !
Ah mes amis, que d'émotions, que de bonheur ! Je vous souhaite un bel été, le plus bel été de votre vie peut-être ! Soyez heureux, soyez joyeux, soyez victorieux, soyez Roger Federer !!!